Stéphane Richard, le PDG d'Orange, a tracé les grandes lignes de l'année 2015 pour l'opérateur historique et au-delà, dressé les perspectives du paysage de la téléphonie française, trois ans après le lancement des offres Free mobile qui ont complètement chamboulé le marché. Pour le patron d'Orange, il ne fait aucun doute que la situation, c'est à dire la présence de quatre joueurs, ne peut pas durer. « Peut-on vivre de façon durable à quatre opérateurs ? Il n'y a pas de doute sur trois, il y a un vrai doute sur quatre », a t-il expliqué durant la conférence de presse qui s'est tenue ce matin. « Pourquoi la France serait-elle le seul pays où la question ne se pose pas, alors que l'Allemagne a estimé un passage de 4 à 3 souhaitable, le Royaume-Uni, l'Irlande, l'Espagne aussi », s'est-il demandé, en évitant de rappeler que les prix sont susceptibles de grimper quand un acteur disparait du paysage comme en Autriche (lire : Retour à trois opérateurs : la France comparable à l'Autriche ?).
Le dossier de la concentration du secteur s'est refermé l'an dernier par l'acquisition de SFR par Numericable/Altice et la fermeture — provisoire, on imagine — du dossier du rachat de Bouygues Telecom par Orange. « Vu notre position, nous étions les plus mal placés pour faire accepter [un tel rapprochement] par l'Autorité de la concurrence et Bruxelles. Nous ne voulons pas être le fer de lance d'une consolidation mais y participer. Cela passera par l'association nécessaire de plusieurs acteurs ».
La concentration, ce n'est pas l'horizon de Xavier Niel, le patron de Free, qui avait déclaré en novembre dernier n'être pas acheteur : « pour des raisons concurrentielles, la consolidation ne peut pas se faire sans nous, on aura durablement quatre acteurs ». Le trublion des télécoms s'était pourtant intéressé à Bouygues pendant un moment, sans que rien n'aboutisse. « Il ne faut pas se laisser intoxiquer par les discours de certains : "Circulez, il n'y a rien à voir, ça ne se fera pas sans nous, c'est moi qui donne le la, je n'en ai pas besoin, etc.", des propos somme toute pas très modestes », tacle Stéphane Richard, qui pense qu'il existe une « pression naturelle » à la consolidation du secteur, « à cause du niveau d'investissement nécessaire dans les fréquences et la fibre ».
Il a évoqué le niveau d'investissement nécessaire pour la fibre et les fréquences, difficile à assumer lorsque les niveaux de marges sont bas : « Nous, en France, en tant qu'opérateur historique, avons des marges qui se situent 7 à 8 points en dessous de celles de nos homologues en Allemagne et en Espagne. Et certains disent qu'elles sont trop élevées ! C'est encore plus vrai pour les opérateurs qui n'ont pas notre taille ».
S'il ne faudra pas attendre grand chose de Free ni de l'opérateur historique, le patron d'Orange pressent qu'il pourra y avoir des tractations entre Bouygues et Altice. En novembre, Dexter Goei le directeur général du groupe détenteur de Numericable et de SFR avait fait part de son intérêt pour l'opérateur de Martin Bouygues. L'année 2015 sera aussi marquée par les enchères aux fréquences 700 Mhz dites « fréquences en or », que chaque opérateur guigne avec appétit… et tout particulièrement Free qui a besoin de muscler son réseau 4G (lire : Free Mobile expérimente la 4G+ sur une fréquence qu'il ne possède pas).
Source : La Tribune