La surprise est de taille outre Atlantique. Sprint et T-Mobile, qui avaient l'intention de convoler depuis quelques mois, ont arrêté les frais. Softbank, qui détient 80% de Sprint, et Deutsche Telekom maison-mère de la branche américaine de T-Mobile, ont conclu que dans le contexte actuel, poursuivre les négociations en vue d'une acquisition n'était plus utile. Et pour cause : le régulateur américain voyait ce rapprochement d'un mauvais œil. Aux États-Unis, le marché de la téléphonie ressemble beaucoup au paysage français d'avant Free Mobile : peu d'innovation et des tarifs exorbitants. Supprimer un opérateur aurait sans doute eu pour conséquence de renforcer le statu-quo.
C'est le mur auquel se heurtaient les deux propriétaires de Sprint et T-Mobile, troisième et quatrième opérateurs aux États-Unis. Voilà qui relance Iliad, maison-mère de Free Mobile, dont l'offre d'achat sur T-Mobile a été repoussée ce mardi (lire : T-Mobile se refuse à Iliad). Xavier Niel, dont la proposition à 15 milliards de dollars n'était visiblement qu'un ballon d'essai pour tâter le terrain, va relever son offre avec l'aide d'un groupe d'investisseurs internationaux — on y trouve le fonds souverain de Singapour, Teachers le fonds de retraite des enseignants de l'Ontario, Dish Networks, Cox ou encore Charter. Sprint avait valorisé T-Mobile à hauteur de 40$ par action, la première offre d'Iliad se contentait de 33$ (pour 56,6% de l'entreprise). Deutsche Telekom, qui souhaite se débarrasser de sa filiale US, voudrait voir sur la table une offre en cash, tandis que les autorités de régulation auraient certainement moins de difficulté à valider cette option qui maintient la concurrence.
Alors qu'Iliad souhaite tenter l'aventure américaine, en France Numericable commence à ressentir les premiers effets de son acquisition de SFR, alors que le câblo-opérateur attend le feu vert des autorités de la concurrence d'ici la fin de l'année. Altice, le propriétaire de Numericable, a réussi à lever 11,6 milliards d'euros sur les marchés afin de financer l'acquisition de l'opérateur au carré rouge. Les résultats trimestriels illustrent cependant les premières difficultés du groupe : certes, le chiffres d'affaires s'est monté à 336,6 millions d'euros, en hausse de 3,2% par rapport au deuxième trimestre de 2013… mais l'entreprise accuse une perte de 118,4 millions d'euros. Au premier trimestre, Numericable affichait des bénéfices de 35 millions.
L'opérateur précise que sans les dépenses liées à l'achat de SFR (refinancement de la dette, charge d'intérêts, frais de transaction, le tout pour 128 millions), il aurait alors réalisé un bénéfice net de 114,3 millions durant le premier semestre de l'année.