Sur le bouillant marché des télécoms, tous les moyens sont bons pour tirer la couverture à soi et gagner de nouveaux clients. Orange, qui déploie son réseau 4G à toute vitesse comparé aux autres opérateurs, avait annoncé la semaine dernière que sa couverture très haut débit allait être similaire à celle de Bouygues Telecom au 1er juillet.
Ce dernier, dont la confortable avance s'est réduite comme peau de chagrin au fil des mois, a déjoué le plan de son concurrent au dernier moment. Bouygues Telecom a annoncé hier qu'il couvrait 70 % de la population... soit un petit point de plus qu'Orange.
L'opérateur de Martin Bouygues peut donc toujours se prévaloir d'avoir la meilleure couverture 4G, mais plus pour très longtemps. Les chiffres communiqués par les deux acteurs sont édifiants : alors que Bouygues couvrait 69 % de la population mi-mars et n'a donc quasiment pas progressé depuis (un point de plus en trois mois), Orange est passé de 50 % début janvier à 69 % aujourd'hui. Ce n'est qu'une question de semaines, voire de jours, avant que l'opérateur historique prenne la tête.
Martin Bouygues a par ailleurs vivement critiqué l'ARCEP devant la commission économique de l'Assemblée nationale hier. Le PDG du groupe a déclaré que « l’ARCEP [avait] fait une erreur d’analyse lors de l’attribution de la quatrième licence », autrement dit en faisant entrer Free Mobile sur le marché. « Des avantages considérables ont été accordés au nouvel entrant, comme celui de l’itinérance 2G et 3G. Et les trois opérateurs historiques en payent le prix aujourd'hui », a-t-il estimé alors que son entreprise va se restructurer et licencier pour subsister.
Si Bouygues Telecom a incontestablement été déstabilisé par Free Mobile, l'ARCEP lui a aussi offert un bel avantage concurrentiel et a peut-être assuré sa survie à moyen terme en l'autorisant à créer un réseau 4G à partir de son réseau 2G.
« Qui régule le régulateur aujourd’hui ? Il faut que l’État assume ses responsabilités », a ajouté Martin Bouygues. Une déclaration qui ne devrait pas tomber dans l'oreille d'un sourd, puisqu'Arnaud Montebourg, qui avait tenté, en vain, de faire pencher la balance vers Bouygues pour l'achat de SFR, voudrait bien réduire les pouvoirs de l'ARCEP. « Ce ne sont pas aux autorités indépendantes de dire ce qui est bon dans le secteur des télécoms », avait déclaré le ministre de l'Économie au début de l'année justement au sujet de l'itinérance de Free Mobile avec Orange.
Source : Les Échos