Le 31 janvier, Bouygues Telecom et SFR annonçaient conjointement avoir signé un accord de mutualisation de leur réseau, une première en France. À terme, le réseau partagé devrait couvrir 57 % de la population, « soit l’ensemble du territoire en dehors des 32 plus grosses agglomérations de plus de 200 000 habitants et des zones blanches. » L'ARCEP avait accueilli « favorablement » cet accord, expliquant que dans un marché très concurrentiel, ce type d'opération pouvait constituer « un moyen de réduire leurs coûts et d’apporter des gains aux utilisateurs ».
Le gendarme des télécoms se montrait toutefois prudent en ajoutant qu'il devait notamment vérifier que cette mutualisation « n'ait pas pour effet d’évincer certains concurrents du marché. » Or, après avoir mené une enquête avec l'Autorité de la concurrence, l'ARCEP estime que cette opération pourrait représenter un avantage concurrentiel trop important, rapporte Les Échos.
En cause, la présence de la 4G dans l'accord. SFR voudrait profiter d'une itinérance 4G de deux ans sur le réseau de Bouygues, ce qu'il s'était bien gardé de préciser au moment de l'annonce du partenariat. L'opérateur au carré rouge a en effet tout intérêt à profiter du grand réseau 4G de Bouygues alors qu'il est loin derrière en matière de couverture (40 % de la population contre 69 %) et qu'il déploie à un train de sénateur comparé à Orange. C'est d'ailleurs peut-être la perspective de cet accord d'itinérance qui fait que SFR ne se presse pas pour installer des antennes 4G.
Mais aujourd'hui, cette mutualisation est incertaine. L'Autorité de la concurrence pourrait la suspendre momentanément, le temps d'étudier le dossier de fond en comble. Le mois dernier, Orange a porté plainte devant l'autorité pour que l'accord ne soit pas appliqué, au moins jusqu'à la fin de l'année. À cela s'ajoute Free qui aimerait s'immiscer dans l'accord. Et tout cela sans compter sur l'acquisition de SFR par Numericable et l'incertitude sur l'avenir de Bouygues Telecom...