La 4G commence à être une réalité pour la majorité des citadins, mais les opérateurs sont déjà passés à autre chose. Bouygues Telecom est le premier à ouvrir officiellement dès aujourd’hui son réseau 4G+, aussi connu sous le nom de 4G LTE-Advanced. Limité pour le moment à sept communes, dont Lyon, Bordeaux et Grenoble, ce réseau sera étendu aux seize plus grandes villes françaises en septembre.
Grâce à cette nouvelle norme, les appareils compatibles peuvent désormais accéder à internet jusqu’à 220 Mbit/s en combinant deux fréquences 4G, contre 115 Mbit/s au mieux aujourd’hui. En théorie, la norme LTE-Advanced devrait permettre de pousser jusqu’à 3 Gbit/s, mais aucun opérateur ne peut fournir de tels débits aujourd’hui. Comme toujours, c’est la théorie et on aura rarement de tels débits, mais plus que jamais, la 4G peut se comparer à la fibre, même si on est toujours extrêmement limité côté fair use.
Pour avoir de la 4G+, il ne suffira pas d’être dans une zone couverte en théorie. La technologie actuelle repose sur la combinaison de deux fréquences 4G différentes, par exemple 1800 MHz et 2600 MHz, ou encore 800 MHz et 1800 MHz. Ainsi, si votre smartphone ne capte pas les deux fréquences, il ne bénéficiera pas des débits plus importants, et devra se contenter de la 4G standard.
De fait, la couverture réelle sera sans doute assez réduite dans un premier temps, d’autant que le réseau 4G de l’opérateur exploite principalement la bande des 1800 MHz à ce jour. Mais si Bouygues Telecom est vraiment sérieux sur la 4G+, il lui faudra déployer plus d’antennes en 800 MHz et 2600 MHz. Si c’est le cas, tout le monde en profitera : la bande des 800 MHz présente l’avantage de porter plus loin, tandis que la fréquence 2600 MHz est adaptée aux fortes densités, dans les zones urbaines en particulier.
Outre la disponibilité géographique très limitée, cette annonce n’aura pas beaucoup de sens aujourd’hui : en effet, les appareils compatibles 4G+ n’existent pas encore en France. Samsung a d’ores et déjà commercialisé des smartphones compatibles pour répondre à la demande : en Corée du Sud, mais aussi au Japon, la 4G+ est déjà en place. Dans l’Hexagone, Bouygues Telecom compte commercialiser un modem compatible dès le mois de juillet, mais il faudra attendre la rentrée pour les premiers smartphones compatibles.
Du côté de l’iPhone, seule la prochaine génération qui devrait être présentée en septembre si tout va bien pourrait être compatible, mais il n’y a aucune certitude à ce jour. Les dernières rumeurs autour de l’iPhone 6 évoquaient une nouvelle puce 4G, sans doute compatible 4G+. Dans tous les cas, cette nouvelle norme est rétro-compatible : votre iPhone actuel pourra continuer à utiliser le même réseau, mais sans bénéficier des débits améliorés.
Autre point important : la 4G+ ne sera pas réservée aux clients Bouygues Telecom. Les abonnés sans engagement chez B&You en bénéficieront également, comme a pu le confirmer NextInpact. En d’autres termes, l’opérateur de Martin Bouygues ne devrait pas faire la distinction entre 4G et 4G+ : on bénéficiera du meilleur débit possible en fonction de son matériel et de la couverture.
Si vous n’habitez pas dans l’une des sept communes déjà compatibles 4G+ (Lyon, Grenoble, Bordeaux, Vanves, Issy-les-Moulineaux, Malakoff et Rosny-sous-Bois), vous êtes peut-être du côté des quatorze villes qui bénéficient dès aujourd’hui d’une meilleure 4G. À Avignon, Clermont-Ferrand, Dijon, Toulon, Nîmes, Rennes, Grenoble, Chartres, St Étienne, Rouen, Perpignan, Lyon et à Bordeaux, Bouygues Telecom élargit la bande de fréquences en 1800 MHz qui passe de 10 à 15 MHz.
Concrètement, cette bande de fréquences très utilisée devrait être moins saturée, et donc les débits et les temps de connexion devraient être réduits. Reste à vérifier si, en pratique, la situation s’améliore. Dès cet été, l’opérateur promet la même chose pour plus de 1600 communes : autant dire que, sur ce point, Bouygues Telecom veut aller très vite.
Le point sur la 4G+ en France
Le troisième opérateur français aurait tort de se priver. Certes, Orange dispose désormais du plus grand nombre d’antennes 4G, légèrement devant Bouygues Telecom. Le réseau 4G de ce dernier reste toutefois à l’échelle nationale le meilleur, notamment en matière de couverture : Orange couvre 60 %, contre quasiment 70 % pour Bouygues Telecom. Et en conditions réelles, il n’est pas rare d’avoir de meilleurs débits qu’avec l’opérateur historique. Bouygues Telecom a tout intérêt à poursuivre ses efforts avec la 4G+ et de l’imposer avant ses concurrents. Pourtant, l’opérateur ne peut pas espérer rester seul bien longtemps sur ce domaine.
La menace la plus évidente provient du côté d’Orange. L’opérateur devrait faire des annonces officielles au cours de l’été, mais on sait qu’il a déjà déployé une grande quantité d’antennes capables de fournir de la 4G+. En pariant dès le départ sur des supports qui émettent en 800 MHz et en 2600 MHz, Orange pourrait proposer une couverture plus large que celle de Bouygues Telecom, plus rapidement. À Paris par exemple, le quart des antennes 4G de l’opérateur peut déjà émettre en 800 MHz et 2600 MHz et à terme, on imagine que ce sera le cas pour tous les supports.
En février dernier, l’entreprise a obtenu le feu vert de l’ARCEP pour mener des tests grandeur nature à Bordeaux, en 2600 MHz et 3500 MHz, une fréquence qui n’est pas encore utilisée. Avec un tel montage, on pourrait obtenir des débits encore supérieurs : on parle de 300 Mbit/s. Reste que, pour le moment au moins, Orange ne fournira sa 4G+ que sur les fréquences 800 MHz et 2600 MHz, avec des débits a priori comparables à ceux de Bouygues Telecom.
[MàJ 18/06/2014 14h42] : quelques heures après l'annonce de Bouygues Telecom, Orange a présenté son offre 4G+. Dans un premier temps, elle sera limitée dans deux villes, Strasbourg et Toulouse (lire : Orange suit Bouygues dans la 4G+).
SFR a pris un retard assez considérable. L’opérateur avait été le premier à mener des tests dès octobre 2013, mais il n’annonce désormais qu’une seule ville — peut-être Marseille où il a mené ses expérimentations — et encore, à la fin de l’année seulement. L’opérateur au carré rouge devra mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard et déployer des antennes 4G, beaucoup d’antennes 4G. Avec moins de 1700 supports officiellement actifs au dernier comptage, SFR ne fait guère mieux que Free Mobile, mais il dispose de deux fréquences (800 MHz et 2600 MHz) capables de former un réseau 4G+.
La situation est encore plus simple, si l’on peut dire, chez Free Mobile. Pour le moment, l’opérateur de Xavier Niel ne peut émettre en 4G que sur la fréquence 2600 MHz. Pour le moment, il ne peut pas mettre en place de 4G+ qui, rappelons-le, nécessite deux fréquences en même temps pour améliorer les débits.