Bruxelles exige d'Apple une plus grande ouverture de ses systèmes au bénéfice des développeurs tiers et de ses concurrents. En retour, Apple pointe des problèmes potentiels pour la sécurité des données et cite les demandes faites par Meta en exemple des risques encourus.
Dans le cadre du DMA, la Commission européenne presse Apple d'en faire plus pour assurer une interopérabilité entre iOS/iPadOS et les logiciels et matériels de tierces partie. Dans un long document, Bruxelles liste de nombreuses fonctions des systèmes d'Apple qui devraient être utilisables à parité par des acteurs tiers. Certains de ces services disposent d'une API publique, mais toutes les fonctions existantes ne sont pas forcément proposées. C'est le cas des notifications. Une montre concurrente de l'Apple Watch les recevra depuis l'iPhone, mais elle ne pourra pas afficher une interface de réponse comme le fait watchOS.
DMA : Bruxelles va vérifier les obligations d'interoperabilité d'iPadOS avec les stylets, écouteurs et autres accessoires
La liste des 11 services à rendre opérationnels avec des matériels concurrents comprend des choses comme l'échange par AirDrop ; la connexion rapide par Bluetooth ; le changement automatique de source audio ; l'exécution de tâches de connexion en arrière-plan avec des accessoires tiers ; des connexions Wi-Fi en P2P ; AirPlay ; la connexion automatique par Wi-Fi (lorsqu'une Apple Watch peut se connecter d'emblée aux réseaux déjà connus de l'iPhone), la lecture et l'écriture de données par NFC, etc.
Bruxelles s'est fixée jusqu'au 9 janvier prochain pour recueillir les commentaires des parties prenantes. Il est demandé par ailleurs à Apple d'améliorer la procédure pour les développeurs tiers qui souhaitent connaître les composants système dont Apple se réserve l'usage et qui émettent des requêtes pour y avoir accès.
Apple a donné une première réponse en prenant Meta pour cible. Dans un document, la Pomme pointe des risques d'abus, encouragés par le DMA. Le groupe de Mark Zuckerberg est celui qui a fait le plus de demandes pour une meilleure interopérabilité, avec 15 requêtes à ce jour adressées à la Commission européenne :
Aucune entreprise n'a fait plus de demandes d'interopérabilité à Apple que Meta. Dans de nombreux cas, Meta cherche à modifier les fonctionnalités d'une manière qui soulève des inquiétudes quant à la confidentialité et à la sécurité des utilisateurs, et qui semble être absolument sans lien avec l'utilisation effective des appareils tiers de Meta, tels que les lunettes intelligentes et les Meta Quest.
Des demandes en lien avec AirPlay, CarPlay, Messages, Continuité, le dialogue entre les apps, etc :
Si Apple devait accéder à toutes ces demandes, Facebook, Instagram et WhatsApp pourraient permettre à Meta de lire sur l’appareil d’un utilisateur tous ses messages et e-mails, voir chaque appel téléphonique qu’il passe ou reçoit, suivre chaque application qu’il utilise, scanner toutes ses photos, consulter ses fichiers et les événements de son calendrier, enregistrer tous ses mots de passe, et bien plus encore. Ce sont des données auxquelles Apple elle-même a choisi de ne pas accéder afin de fournir la meilleure protection possible aux utilisateurs.
Meta rétorque qu'Apple « ne croit pas dans l'interopérabilité » et ajoute : « Chaque fois qu'Apple est dénoncée pour son comportement anticoncurrentiel, elle se défend en invoquant des raisons de confidentialité qui n'ont aucun fondement dans la réalité ».
Bruxelles tranchera en février prochain, si des obligations sont édictées, Apple devrait avoir à les mettre en place dans iOS et iPadOS d'ici la fin de l'année 2025.
Source : Commission européenne