La Banque centrale européenne n'est pas satisfaite des concessions d'Apple quant à l'ouverture de la puce NFC des iPhone pour d'autres moyens de paiement qu'Apple Pay. La BCE en veut plus dans l'optique d'un euro numérique.
Mi-janvier, Apple acceptait de donner accès à la puce NFC de ses iPhone aux banques et plateformes (type PayPal) qui veulent s'en servir pour le paiement. Elles n'auront plus à passer par Apple Pay ni Wallet et ne devront plus payer Apple pour ce droit.
Plus récemment, Reuters affirmait que la Commission était bien partie pour valider cet accord, fruit d'une enquête de plusieurs années. Apple a préféré transiger plutôt que risquer une forte amende pour des pratiques jugées anticoncurrentielles.
C'était sans compter avec la Banque centrale européenne (BCE) qui, tout en félicitant la Commission pour son travail, juge que les concessions d'Apple restent insuffisantes à l'aune du grand projet d'euro numérique. Celui-ci est, grosso modo, une réponse aux plateformes de paiement comme Apple Pay, PayPal, Google Pay, etc.
Dans une lettre adressée à Margrethe Vestager, Vice-présidente exécutive de la Commission européenne pour une Europe adaptée à l’ère du numérique, Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, détaille plusieurs points de friction.
D'abord, Apple ne donne pas aux tierces parties un accès complet au composant Secure Element de ses iPhone. Elle ne leur permet que d'émuler une carte de paiement (Host Card Emulation). Ce qui va se traduire par une expérience utilisateur déséquilibrée au profit d'Apple Pay en termes d'authentification et de rapidité de la transaction, regrette Piero Cipollone.
Le nombre de paiements réalisables lorsque l'iPhone est hors connexion en serait limité et la fonction mode Express d'Apple Pay (pour les transports en commun) ne serait pas exploitable pour les acteurs tiers.
Ensuite, les paiements avec l'Apple Watch ne sont pas inclus dans les propositions d'Apple. Apple Pay resterait alors l'unique moyen pour payer avec sa montre. De même, il semble y avoir des limites quant aux possibilités pour les commerçants d'accepter un paiement via un iPhone sans que ce soit au travers d'Apple Pay.
Autre grief encore, le paiement en ligne n'est pas pris en compte. Les apps tierces de paiement seraient désavantagées par rapport à Apple Pay qui utilise le Secure Element et peut valider directement un achat sans avoir à renvoyer l'utilisateur dans une app. Enfin, il n'est pas considéré non plus le cas des transactions directes entre individus.
La BCE réclame un accès équitable au composant sécurisé des iPhone, selon des termes dits FRAND (raisonnables et non discriminatoires), sans quoi ce projet d'euro numérique en serait affecté.