Mise Ă jour le 6 mars : AprĂšs WhatsApp il y a un mois, c'est au tour de Meta de publier ses explications sur la maniĂšre dont Messenger, en Europe, va s'ouvrir aux messageries concurrentes qui en feront la demande. WhatsApp appartenant Ă Meta, le principe pour Messenger est strictement le mĂȘme, avec quelques dĂ©tails techniques supplĂ©mentaires.
On y apprend aussi qu'une messagerie tierce ne sera pas tenue d'utiliser le protocole de Signal comme l'y encouragent WhatsApp et Meta. Mais la solution de chiffrement souhaitĂ©e par le candidat devra avoir prouvĂ© son efficacitĂ©. Ensuite, Meta aura 3 mois pour rĂ©pondre Ă une demande d'interopĂ©rabilitĂ© avec ses messageries. Un dĂ©lai qui n'inclut pas celui nĂ©cessaire Ă la mise en Ćuvre de la passerelle.
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En tout état de cause, cette ouverture imposée à Meta et ses deux services ne va pas produire ses effets dans l'immédiat, d'autant qu'aucune messagerie n'a encore manifesté sa volonté de se connecter à WhatsApp et Messenger.
Article du 7 février
WhatsApp dévoilera dans un mois son plan pour ouvrir la porte de son app à des messageries concurrentes, comme le réclame le nouveau rÚglement sur les marchés numériques en Europe. Les grands principes de fonctionnement ont été posés, il reste l'inconnue de leur utilisation.
WhatsApp et Messenger â de Meta chacun â sont les deux seules messageries pour lesquelles Bruxelles a exigĂ© qu'elles offrent une interopĂ©rabilitĂ© avec tout service concurrent qui en fera la demande. Le cas d'iMessages est encore Ă l'Ă©tude, Apple ayant jouĂ© la carte d'une taille rĂ©duite de son service en Europe pour Ă©viter de se faire imposer la mĂȘme obligation. Dans une interview Ă Wired, Dick Brouwer, directeur de l'ingĂ©nierie chez WhatsApp dĂ©taille la maniĂšre dont le service va s'y prendre.
Il faut avant cela rappeler quelques points. WhatsApp doit expliquer comment fonctionnera cette ouverture sur un plan technique d'ici le mois prochain. Mais il aura ensuite deux ans pour mettre en Ćuvre un premier niveau d'interopĂ©rabilitĂ©Â : messages textuels, chiffrĂ©s de bout en bout, entre deux personnes ainsi que le partage d'images, de vocaux, de vidĂ©os ou de fichiers joints d'un groupe vers un utilisateur individuel. Puis d'ici quatre ans il devra avoir ajoutĂ© les appels vocaux et vidĂ©o. Aucun service concurrent ne sera tenu d'utiliser cet accĂšs. Il leur faudra signer un accord avec WhatsApp, qui pourra refuser une interaction avec un service qui ne rĂ©pond pas Ă ses exigences de sĂ©curitĂ©, ceci sous le contrĂŽle de Bruxelles.
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WhatsApp se prépare à l'interopérabilité en Europe
Les choses devraient aller plus vite, car WhatsApp prépare cet aménagement depuis déjà deux ans. Dans l'app, une section distincte des conversations WhatsApp sera affichée pour recueillir les messages des autres services qui se seront branchés. Pour l'envoi, WhatsApp va leur proposer d'utiliser le protocole de Signal pour le chiffrement de leurs contenus. Il est déjà employé par Meta et dans Google Messages ainsi que Skype. Pour recevoir des messages provenant de WhatsApp, les messageries devront se connecter à ses serveurs.
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Dick Brouwer explique qu'il sera possible de s'y prendre autrement pour plus de flexibilité. Le service concurrent pourra utiliser un serveur proxy entre les siens et ceux de WhatsApp, mais le revers de la médaille est que cela offre un angle d'attaque supplémentaire.
Est-ce que des messageries vont s'engouffrer dans cette nouvelle ouverture ? Si elles y pensent, alors elles ne le disent pas. Wired a interrogĂ© 10 services â dont Google, Viber, Telegram et Signal â la majoritĂ© n'a pas donnĂ© suite. Snap et Discord n'ont pas souhaitĂ© faire de commentaire. Apple n'a pas rĂ©pondu, mais elle a tout intĂ©rĂȘt Ă attendre de voir Ă quelle sauce la Commission europĂ©enne entend la manger. Le Suisse Threema dit avoir Ă©tĂ© approchĂ© par WhatsApp, mais l'entreprise considĂšre que la mĂ©thode du service de Meta ne cadre pas avec ses modalitĂ©s de sĂ©curitĂ©. Le fait que l'usage du protocole de Signal soit imposĂ© ennuie par exemple le Suisse.
Dick Brouwer souligne par ailleurs que WhatsApp entre en terre inconnue. Comment les utilisateurs de différentes messageries se chercheront à l'intérieur de WhatsApp ? Ce dernier utilise les numéros de téléphone, mais Threema, par exemple, génÚre un identifiant à 8 chiffres. Ensuite, sous réserve que des messageries se branchent sur WhatsApp, est-ce que cette interopérabilité sera vraiment utilisée par leurs communautés ou chacun va-t-il rester discuter dans son silo ? Et puis il y a les risques afférents à cette ouverture versus un systÚme fermé que son propriétaire contrÎle de A à Z, la part d'inconnu augmente nécessairement.