Deux dindes peuvent-elles faire un aigle, pour reprendre le fameux mot de Vic Gundotra ? C’est ce qu’espèrent Apple et Paramount, qui planchent sur un bundle combinant leurs services de streaming vidéo, selon le Wall Street Journal. Les deux entreprises espèrent retenir plus longtemps leurs abonnés en diversifiant leur offre, bien sûr, mais suivent aussi un mouvement général de consolidation.
Les services de streaming n’échappent pas à l’alternance des cycles de (dé)concentration. Après avoir atomisé les chaines de télévision et les « bouquets » des câblo-opérateurs, Netflix et consorts recréent des formes de distribution linéaire et reconstituent des bundles. Disney vient de mettre 8,6 milliards de dollars sur la table pour racheter la participation de Comcast dans le service de streaming Hulu, et propose un bouquet comprenant Disney+ et les contenus sportifs d’ESPN+ aux clients de l’opérateur Charter.
Netflix s’est allié à Warner Bros. Discovery pour proposer un bundle avec le service Max, qui comprend notamment les contenus diffusés sur HBO, sous l’égide de l’opérateur Verizon. En France où la grande majorité des abonnements aux services de streaming sont payés au travers des offres des fournisseurs d’accès à internet, Canal+ a transformé son service myCanal en plateforme de diffusion comprenant Netflix, Disney+, OCS, Paramount+, Apple TV+, ainsi que les chaines sportives Eurosport et BeIn Sports.
Apple et Paramount suivent donc un grand mouvement de l’industrie, mais il faut bien dire qu’elles sont surtout partenaires d’infortune. Alors que le taux d’attrition moyen de l’industrie tournait autour de 5,7 % au mois d’octobre, selon Antenna, il dépassait 7 % sur Apple TV+ et Paramount+. Apple One, qui incorpore Apple TV+ dans une offre comprenant notamment Apple Music et du stockage iCloud, retient nettement mieux ses abonnés, preuve de l’efficacité des bundles.
Pour ne rien arranger, les deux entreprises ont récemment augmenté leurs tarifs, là encore comme le reste de l’industrie. Leur alliance apparait donc comme un mariage de raison, une manière de rendre leur offre plus attractive en combinant les catalogues pour un prix réduit. Reste à savoir si elles sauteront le pas : les discussions sont encore « au stade préliminaire », dit le Wall Street Journal.