Le service iMessage doit-il être soumis au Digital Market Act ou non ? C'est la question qu'est en train d'étudier la Commission européenne, après avoir désigné en septembre un premier groupe de « contrôleurs d'accès » qui doivent se plier à de nouvelles règles strictes. La réponse est lourde de conséquences, car si iMessage entre dans le champ du DMA, Apple va devoir rendre sa messagerie interopérable avec d'autres.
C'est précisément ce que veulent Google et plusieurs grands opérateurs européens, dont Orange, qui ont adressé une lettre à Thierry Breton pour faire entendre leur son de cloche. Ces acteurs estiment qu'iMessage doit être considéré comme un « service essentiel » et par conséquent qu'il est soumis au DMA.
« La nature fondamentale d'iMessage en tant que passerelle entre les utilisateurs professionnels et leurs clients est sans conteste une justification pour désigner Apple comme contrôleur d'accès du service iMessage », écrit le groupe de circonstance dans le courrier consulté par le Financial Times.
De son côté, Apple juge qu'iMessage échappe au DMA parce que sa messagerie est notamment « conçue et présentée pour les communications personnelles des utilisateurs », oubliant un peu vite sa fonction Business Chat, certes moins développée que les fonctions professionnelles équivalentes chez WhatsApp.
Sont normalement soumis à la nouvelle réglementation européenne les « services essentiels » qui ont plus de 45 millions d'utilisateurs mensuels et plus de 10 000 utilisateurs professionnels annuels dans l'Union européenne. Apple a reconnu avoir plus de 10 000 utilisateurs professionnels sur iMessage dans le monde, mais le chiffre en Europe n'est pas connu.
En forçant iMessage à devenir interopérable avec WhatsApp et Messenger, les deux autres messageries d'ores et déjà dans le champ du DMA, Google et les opérateurs européens espèrent supprimer une barrière historique du jardin fermé d'Apple et ainsi faciliter la migration des utilisateurs vers Android.
Pour Apple, qui connait l'importance d'iMessage dans la rétention des clients sur ses plateformes, il n'en est pas question. La Pomme ignore complètement les incessants appels du pied de Google à adopter RCS, une possible solution d'interopérabilité. À une journaliste qui déplorait que sa mère, équipée d'un smartphone Android, ne pouvait pas voir les vidéos qu'elle lui envoyait depuis son iPhone, Tim Cook ironisait ainsi l'année dernière : « achetez un iPhone à votre maman ! »