Tandis que quasiment tous les services de streaming de musique ont augmenté leurs prix dernièrement, une nouvelle hausse pourrait se profiler prochainement. C'est en tout cas ce qu'annonce Deezer pour son service en cas d'adoption d'une taxe sur le streaming en France.
« C'est une taxe anti-Deezer car elle frapperait Deezer de manière totalement disproportionnée par rapport aux autres plateformes. On fait plus de 60 % de notre chiffre d'affaires en France, les autres c'est moins de 3 % », a signalé Stéphane Rougeot, directeur général adjoint de la plateforme française, sur BFM Business le 2 août.
Emmanuel Macron a chargé la ministre de la Culture de parvenir avec l'ensemble de l'industrie musicale à trouver de « nouvelles sources de financement » pour préserver la « souveraineté culturelle française » et garantir une « juste rémunération » des artistes. Si aucun accord n'est trouvé d'ici le 30 septembre, le gouvernement pourrait saisir le Parlement pour voter une taxe sur les services de streaming.
Celle-ci pourrait consister en une contribution de 1,75 % sur les revenus du streaming, comme le préconise un rapport remis au printemps au gouvernement. L'auteur du rapport, le sénateur Julien Bargeton, estime que cette contribution sera indolore pour les consommateurs, en témoigne la cotisation de Netflix au CNC que la plateforme ne répercute pas à ses clients. Mais ce n'est pas du tout l'avis du dirigeant de Deezer :
On ne peut pas répercuter [la taxe] aux ayants droit, car le contrat ne nous le permet pas. On ne peut pas l'absorber car notre équilibre financier ne nous le permet pas non plus. Donc on serait obligé de le répercuter au consommateur.
Et Stéphane Rougeot de renverser l'argument de l'exception culturelle française pour critiquer cette taxe hypothétique :
À un moment où les enjeux de souveraineté, que ce soit la souveraineté numérique ou culturelle, sont des enjeux cruciaux, finalement Deezer, [qui est une] plateforme française, se retrouverait beaucoup plus frappée et beaucoup moins compétitive.
Mais en réalité, taxe ou pas taxe, le numéro 2 du streaming de musique en France laisse la porte ouverte à une nouvelle augmentation :
Pendant 15 ans il n'y a pas eu d'augmentation de prix dans le streaming musical. […] Deezer a été précurseur [son abonnement est passé de 9,99 € à 10,99 €/mois dès début 2022, avant Apple Music et Spotify, ndlr] et on pense qu'aujourd'hui encore quand on regarde le montant moyen dépensé par les consommateurs pour la musique, par rapport à il y a 20 ou 25 ans, ils dépensent deux fois moins et ils ont accès à beaucoup plus de musique. Donc on sait qu'il y a une possibilité d'augmenter les prix. On l'a fait en premier, et c'est bénéfique pour l'ensemble de l'industrie. […] Les autres nous ont suivis, et c'est très bien. Et on pense qu'il y a encore un potentiel pour augmenter les prix, et aussi pour pouvoir segmenter, pour là encore offrir de nouveaux services et avoir de la segmentation.
L'abonnement Deezer Premium individuel coûte actuellement 10,99 €/mois et l'abonnement famille 17,99 €/mois. En attendant une éventuelle augmentation, Deezer mise notamment sur ses partenariats avec d'autres entreprises, comme celui renouvelé avec Orange, pour gagner de nouveaux clients et devenir rentable en 2025.