Après la fermeture du service de streaming de Québecor, son deuxième actionnaire principal, Qobuz s’est enfin lancée sous sa marque au Canada. Depuis une levée de fonds de 10 millions d’euros et la nomination de nouveaux dirigeants à l’automne 2020, le service de streaming français a accéléré son internationalisation sans jamais abandonner sa prétention à la meilleure qualité sonore.
Faut-il choisir entre une croissance élevée et un prix élevé ? L’implantation en Amérique du Nord et le prochain lancement au Japon vont-ils remettre en cause la « touche française » du service ? Qobuz peut-elle, et doit-elle, concurrencer Apple et Spotify ? Nous avons posé ces questions à Georges Fornay, vétéran de l’industrie du jeu vidéo passé par Commodore et Sony, et maintenant directeur général délégué de Qobuz.
Cette interview a été éditée pour des raisons de concision et de clarté.
Nous nous parlons dix jours après le lancement de Qobuz au Canada, à la faveur de la fermeture de Qub musique, le service de streaming de Québecor. Or vous fournissiez le catalogue de Qub musique et Québecor est votre deuxième actionnaire principal. Est-ce que vous avez le sentiment d’avoir perdu du temps avec ce détour par Qub ? À quel moment Québecor et vous êtes-vous dit qu’il fallait imposer la marque Qobuz ?
Ce service était une initiative de Québecor et nous leur fournissions la musique, c’est aussi l’une des raisons pour lesquelles ils sont entrés au capital de Qobuz. Il se trouve qu’au bout de trois ans, cela ne correspond plus exactement à leur plan. Nous discutions depuis quelques mois, parce que Qub musique ciblait uniquement le marché francophone, en oubliant les trois quarts du marché canadien ! Quand ils ont pris la décision d’arrêter le service, nous étions tout à fait prêts à prendre la relève et traiter le marché canadien dans son ensemble. Cela s’est fait presque naturellement.
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Très rapidement, aussi.
Nous nous préparions depuis quelques mois, et comme nous sommes déjà disponibles en français et en anglais, cela facilite les choses. Nous sommes en train de travailler sur notre lancement au Japon, c’est un peu plus compliqué. (Rires.)
Vous avez été nommé directeur général délégué avec l’objectif de développer la présence internationale de Qobuz. Où est-ce que le centre de gravité de Qobuz se situe désormais ? Aux États-Unis ?
Dans l’année qui vient de se terminer [NdR : Qobuz clôt son exercice au 31 mars], les États-Unis sont effectivement passés devant la France, qui était notre premier marché jusque là. C’est bien d’être forts en France, mais elle ne représente que quelques pour cent du marché. Nous sommes « condamnés » à nous développer à l’international et c’est ce que nous faisons.
Mais nous voulons être vraiment internationaux, c’est-à-dire être présents sur tous les continents. Il y a quatre ans, nous n’étions disponibles qu’en Europe de l’Ouest. Nous avons ouvert aux États-Unis, puis en Australie et en Nouvelle-Zélande, ou encore dans les pays nordiques. Nous avons acheté le service de téléchargement e-Onkyo qui nous sert de base de lancement pour le streaming au Japon.