La musique générée par IA commence à faire des remous. La semaine dernière, Apple Music, Spotify mais aussi Deezer et Tidal ont supprimé une piste intitulée Heart On My Sleeve de leur service. Il s'agit d'un duo « original » des artistes Drake et The Weeknd, dont les voix ont été entièrement reproduites à l'aide d'une intelligence artificielle. La musique est encore trouvable sur YouTube en cherchant un peu.
Le morceau est vite devenu viral, enregistrant 629 439 écoutes sur Spotify, 275 000 sur YouTube et 15 millions de vues sur TikTok. Il a ensuite été supprimé quasiment partout, YouTube précisant obéir à une demande du label Universal. Celui-ci avait déjà commencé à montrer les poings au début du mois en alertant les plateformes sur ce phénomène en expansion.
Universal Music s'inquiète de l'arrivée des musiques générées par IA et met en garde Apple
L'arrivée de la musique par IA (et sa suppression) amène tout un tas de questions juridiques. Le label Universal a-t-il les droits sur cette piste « originale » ? S'agit-il d'une copie ? Peut-on attaquer en justice pour l'utilisation de voix générées par IA ? Comment se positionnent les plateformes par rapport au label, sachant que certaines d'entre elles (comme Google) développent des outils d'IA génératives ? Les lois actuelles sur le droit d'auteur ne sont pas adaptées à ce type de questions, et la situation est donc très floue.
On peut également spéculer sur la personne à l'origine de la piste, qui est restée cachée derrière un pseudo. The Verge avance l'idée que tout cela ne soit qu'un coup monté de Drake et d'Universal. Interrogé sur la question, le label a répondu à l'accusation par un communiqué ambigu dans lequel il confirme avoir mené des expérimentations sur l'IA en interne.
Si certains artistes sortent les fourches face à l'IA, d'autres l'accueillent à bras ouvert. C'est le cas de Grimes, qui a invité ses fans à utiliser sa voix pour créer des morceaux originaux. Dans un tweet, la Canadienne a expliqué vouloir partager la moitié de ses royalties avec les créateurs, qui peuvent utiliser sa voix sans crainte de retombées juridiques. « Je pense que c'est cool d'être fusionné avec une machine et j'aime l'idée de rendre open source l'art et de tuer le droit d'auteur », appuie-t-elle.
Source : BBC