D'ici deux ans, Médiamétrie veut être capable de fournir une mesure des audiences quelle que soit la plateforme télévisuelle, qu'il s'agisse de télévision linéaire ou de plateforme de vidéo à la demande.
Cet objectif martelé par le PDG de Médiamétrie, Yannick Carriou, vise à supprimer une singularité qui s'accroit au fur et à mesure que les nouvelles plateformes se déploient en France. Le fait que ces dernières, Netflix, Amazon Prime Video, Disney+ ou bien encore Apple TV+, ne fournissent aucune donnée sur les audiences de leurs programmes, ou si peu que pas.
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Il y a eu ce cas récent du fameux match opposant Nadal à Djokovic, qui a réuni 3 millions de Français devant la retransmission d'Amazon. Mais d'une part ce chiffre a été donné par le diffuseur, sans contrôle indépendant, et c'est l'exception qui confirme la règle. Autre exemple, Netflix, qui communique aussi assez peu sur ses audiences, et qui s'exprime en volume d'heures de visionnages. Tout au bout du spectre, un acteur comme Apple garde ses chiffres sous une chape de plomb.
« C'est la pagaille. Aujourd'hui, certains médias se fabriquent leur propre écosystème d'indicateurs d'audience. Il est hors de question de laisser des acteurs s'automesurer quand ils rentrent en compétition avec les chaînes traditionnelles sur le marché publicitaire », déclarait cette semaine Yannick Carriou au Figaro.
Mais pour mesurer encore faut-il avoir les outils et dans l'état actuel, les plateformes visées n'ont fait montre d'aucune volonté de donner accès à leurs chiffres. Même les producteurs de contenus sur ces plateformes sont parfois laissés dans l'ignorance des indicateurs précis sur le nombre de personnes qui regardent leurs réalisations.
Les annonceurs présents sur ces plateformes devenues extrêmement populaires — Netflix lui-même va se convertir à la publicité l'année prochaine — ont besoin de ces informations, de les comparer entre services. Et de les confronter aux canaux plus anciens. Le patron de Médiamétrie citait l'exemple anglais où les relevés de temps passé devant le poste donnent toujours un large avantage à la télévision traditionnelle : 3h30 par jour contre 30 minutes en moyenne pour les nouvelles plateformes.
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Ce qui ne sera pas communiqué par une négociation entre les parties le sera plus sûrement par la réglementation européenne. Dans ses dispositifs actuels — le Digital Market Act — et à venir — le Media Freedom Act — il est prévu une transparence et une équité sur les chiffres d'audience transmis par les acteurs de l'industrie audiovisuelle aux annonceurs et aux spécialistes de la mesure.