Les films sortis au cinéma seront visibles plus rapidement sur Canal+, et aussi sur les plateformes de streaming. Après d'intenses négociations houleuses, le grand argentier du cinéma français et la filière sont parvenus à un accord sur la nouvelle chronologie des médias censée entrer en vigueur en 2022, rapportent Les Echos.
Canal+ bénéficiera d'une fenêtre de diffusion d'un film 6 mois après sa sortie en salles, alors que la mouture actuelle, qui remonte à décembre 2018, donne un délai de 8 mois. Bonus : Canal+ obtient une exclusivité de 9 mois sur les films diffusés sur ses ondes. En échange de quoi, le groupe audiovisuel s'est engagé à verser 190 millions d'euros par an pour le financement du cinéma français et européen pendant trois ans (une période qui pourra être reconduite tacitement). Jusqu'à présent, sa contribution se montait à 160 millions.
Si on y ajoute les versements des chaînes gratuites de Canal, cela revient à plus de 200 millions d'euros par an. Le tout, sans critère de performances commerciales du groupe. Pour peser dans les négociations, la filiale de Vivendi avait menacé de sortir de la TNT pour se transformer en plateforme, ou encore de se couper en deux avec d'un côté le cinéma et de l'autre le sport.
Finalement, la raison l'a emporté, pour le grand bénéfice de l'exception culturelle française et des spectateurs qui pourront profiter de films (beaucoup) plus tôt sur leurs plateformes préférées. Car les services de streaming vont pouvoir inscrire dans leurs catalogues des films de cinéma à partir de 15 mois après leur sortie en salles. La fenêtre actuelle prévoit une diffusion après 171, 30 ou encore 36 mois en fonction de leurs investissements dans la création.
En cas d'absence d'accord avec Canal+, la filière voulait faire cracher au bassinet les services de streaming, qui auraient alors bénéficié d'une fenêtre à 12 mois. Au bout du compte, il n'a pas été nécessaire d'aller jusque là. Mieux, cette même filière devrait bénéficier d'une cinquantaine de millions d'euros supplémentaires.
Il reste encore pas mal de boulons à serrer, notamment du côté de ces fameuses plateformes qui n'ont pas donné leur accord sur ce projet de chronologie des médias. Les services qui depuis le 1er juillet, mettent la main à la poche : ils doivent consacrer au moins 20% du chiffre d'affaires réalisé en France « au financement de la production d’œuvres cinématographiques et audiovisuelles européennes ou d’expression originale française ».
Financement du cinéma : les services de streaming verseront jusqu'à 25% des revenus réalisés en France
Cela passe par la signature d'une convention avec le CSA, il semble qu'Apple TV+ se fasse toujours tirer l'oreille.
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17 mois pour les plateformes dites « vertueuses », c'est à dire qui remplissent des engagements en termes de financement. Actuellement, Netflix, Disney+ et Prime Video sont toujours considérés comme des plateformes « non vertueuses ». ↩︎