Apple TV+, Netflix, Prime Video et Disney+ vont financer la création audiovisuelle française à hauteur de 250 à 300 millions d'euros par an pendant les trois prochaines années. Le CSA a fini par mettre tout le monde d'accord, alors que le service de streaming d'Apple se faisait tirer l'oreille. L'annonce intervient quelques jours après l'accord entre Canal+ et la filière cinéma, qui raccourcit les fenêtres de diffusion des films sortis au cinéma.
Chronologie des médias : les films de cinéma seront visibles beaucoup plus tôt sur les plateformes de streaming
Le décret d'application publié en juin disposait que chaque plateforme devait investir 20% de son chiffre d'affaires dans le financement d'œuvres françaises (80% pour la production de séries, documentaires ou dessins animés, 20% pour le cinéma).
La ventilation des sommes par plateforme n'est pas précisée, mais Netflix devrait payer la part du lion soit quelque chose comme 200 millions d'euros. Amazon a renâclé, le calcul de la quote-part de Prime Video étant plus difficile à réaliser : l'accès au service est en effet compris dans le bouquet Prime qui comprend aussi la livraison rapide et d'autres facilités. Au bout du compte, le CSA a arraché un minimum garanti de 40 millions d'euros par an.
Pas de chiffres pour Disney+ ni pour Apple TV+, mais en coulisse on parle de « contributions beaucoup plus modestes ». Le service d'Apple est en pleine production de sa première série française originale, « Liaison », avec Eva Green et Vincent Cassel.
« Liaison » sera la première série française originale d'Apple TV+
Tout n'est cependant pas réglé. La nouvelle chronologie des médias telle que décidée suite à l'accord avec Canal+ (s'est engagé sur une somme d'environ 200 millions d'euros par an) pourrait ne pas satisfaire les plateformes et en particulier Netflix.
Les services de streaming pourront en effet diffuser des films de cinéma 15 mois après leur sortie en salles, contre 6 mois pour Canal+ qui se garde une exclusivité de 9 mois supplémentaires pour exploiter les longs métrages. À l'origine, il était prévu que la fenêtre serait de 12 mois seulement. La chronologie des médias actuelle repousse à 36 mois la diffusion sur la plupart des plateformes…
Les coups de pression ne sont donc pas terminés dans ce grand jeu de dupes, qui devra trouver une conclusion avant le 10 février 2022, lorsque le système en place depuis 2018 prendra fin.
Source : Le Monde