Symbole de leur importance toujours plus grandissante dans l'industrie du cinéma, Netflix et Prime Video s'émancipent du petit écran et investissent des salles obscures. Ce qui fait grincer des dents dans le milieu.
Netflix avait l'intention d'organiser un festival durant lequel plusieurs de ses longs métrages (Don’t Look Up avec Leonardo DiCaprio, The Hand of God de Paolo Sorrentino…) auraient été diffusés dans des cinémas MK2 et Utopia partout en France. Mais face à la levée de boucliers de professionnels du cinéma qui y voyaient une entorse à la chronologie des médias, la plateforme a réduit la voilure. Du « Netflix Film Club », il ne reste plus qu'une série de projections à La Cinémathèque française à Paris et à L’Institut Lumière à Lyon du 7 au 13 décembre.
De son côté, Amazon a annoncé cette semaine la tenue du 10 au 12 décembre du « Prime Video Club » au 30 place de la Madeleine, à Paris. Cet événement « offrira la possibilité aux visiteurs de réserver leur propre salle de projection privée à l’intérieur du lieu afin d’y découvrir ou redécouvrir leurs films et séries préférés [présents sur la plateforme]. » Les visiteurs pourront aussi participer à un atelier de doublage — on espère qu'il ne sera pas animé par Alexa — et Amazon en profitera pour projeter en avant-première des sorties majeures, dont Spencer, un film sur Lady Diana avec Kristen Stewart. Le programme complet sera dévoilé le 29 novembre sur le site de l'événement.
Netflix, Amazon Prime Video et Disney+ (mais pas Apple TV+ aux dernières nouvelles) ont désormais des obligations de financement du cinéma français, en contrepartie de quoi ils devraient pouvoir bénéficier d'un délai de diffusion raccourci après la sortie en salle, mais les négociations piétinent. Canal+, qui veut garder son avance sur les plateformes, envisage selon Le Figaro de scinder son offre en deux, avec d'un côté le sport et de l'autre le cinéma, ce qui pourrait diviser par deux ses investissements dans le septième art. À moins qu'il ne s'agisse d'un nouveau coup de bluff ?