Apple TV+ va devoir très sérieusement investir dans du contenu européen si le service de streaming veut respecter les quotas votés il y a deux ans et qui stipulent que les catalogues des plateformes doivent proposer au moins 30% de programmes produits par le vieux continent. La directive européenne « Services de médias audiovisuels » (SMA) est en voie de transposition dans le droit national de chacun des États membres de l'UE (ils ont 21 mois suite à l'adoption de la directive par le conseil des ministres de l'Union).
En France, le ministère de la Culture avait prévu une adoption au début de cette année, sachant que le délai de la transposition était fixé au 19 septembre 2020. Le Parlement a adopté le texte en première lecture de la loi d'habilitation, il restera encore à recueillir l'avis du CSA et du Conseil d'État (les termes de la consultation publique sont visibles à cette adresse).
En Irlande aussi, le législateur planche sur la transposition de la directive, intégrée au sein de l'Online Safety and Media Regulation Bill. Et Catherine Martin, la ministre de la Culture et des Médias, a déclaré qu'Apple TV+ allait devoir respecter ce quota… ou fermer ses portes ! C'est une commission irlandaise qui va superviser, pour l'ensemble de l'Europe, la mise en œuvre de la directive par les plateformes de streaming.
À l'heure actuelle, les programmes disponibles sur Apple TV+ sont dans leur écrasante majorité produits par des sociétés américaines (sur des thèmes très américano-centrés, par ailleurs). Seule la série Trying est d'origine britannique. Bizarrement, même si le Royaume-Uni ne fait plus partie de l'Union européenne, le projet de loi irlandais a une interprétation libérale de la directive puisqu'il inclut dans le quota européen les productions provenant d'outre-Manche.
Pour les services concurrents, le respect du quota devrait être un peu plus facile que chez Apple TV+, Netflix et Amazon ayant des antennes européennes. Le dernier rapport de l'Observatoire européen de l'audiovisuel sur le sujet a calculé que le contenu du continent, films et saisons de séries télé, représentait 20% des catalogues de l'ensemble des plateformes (16% si on prend en compte les films et les épisodes). Au passage, la France tire son épingle du jeu, la production hexagonale pesant 28% des contenus européens ; l'Allemagne suit avec 27%, puis l'Italie avec 10%.
Variety a obtenu des chiffres plus précis plateforme par plateforme. En France, Netflix compte ainsi 20,5% de contenus européens, Amazon Prime Video 28% et Disney+ 4,5% (via @FilmsdeLover). Le site explique que c'est la France qui mène la bataille tandis que la loi devrait être adoptée d'ici la fin de l'année.