Salto ouvrira ses portes à la rentrée de septembre, selon les informations de Challenges. Cette offre de streaming codétenue et coalimentée par TF1, France Télévisions et M6 se présente comme une sorte de maxi-service de replay qui permettra au téléspectateur de visionner l’ensemble des épisodes d’une série, au lieu d’une poignée sur MYTF1, France.tv ou M6Play (en fonction des programmes regardés, le design de la plateforme reprendra d’ailleurs celui du diffuseur).
En revanche, les émissions de flux comme les télé-crochets seront exclus du catalogue, pour une raison simple : leur valeur de revisionnage est faible. Salto, qui déclinera son catalogue en dix ou douze « univers » en fonction des grandes communautés d’intérêts, offrira surtout du contenu français provenant des chaînes des trois groupes participants.
D’autres chaînes pourront rejoindre le train en marche : Arte semble être un partenaire assez naturel, tandis qu’Altice (BFM TV, RMC Découvertes, RMC Story…) est aussi dans la boucle. Si d’aventure Salto devait rencontrer le succès, les services de rattrapage des participants seraient amenés à disparaître — ce qui serait assez étonnant au vu de l’investissement des uns et des autres dans leurs propres robinets, mais des sacrifices sont sans doute nécessaires si l’on veut voir émerger une offre française au milieu des gros poissons américains.
Le service disposera d’un budget propre pour acheter des programmes frais et avec une période d’exclusivité. L’investissement nécessaire pour développer et lancer Salto est chiffré à 120 millions d’euros sur trois ans. L’enveloppe est divisée par le nombre de partenaires, a précisé Delphine Ernotte, la patronne de France Télés, devant la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale.
Pour le groupe de l’audiovisuel public, l’opération Salto représentera donc environ 40 millions d’euros, dont « 0 euro de redevance », comme l’a assuré la présidente en quête d’une prolongation de son mandat. Un détail qui a son importance en raison de l’attelage public-privé inédit dans le secteur audiovisuel, comme le relate Numerama.
Salto est présenté comme une plateforme « d’appoint » par Delphine Ernotte, il s’agira d’un « complément » et non d’une offre aussi complète et riche que Netflix. Et pour cause : le service n’aura pas les mains libres en raison des limitations imposées par le régulateur (lire : SALTO : feu vert pour le « Netflix français »… sous conditions).
La plateforme ne pourra pas diffuser d’émissions phare comme Cash Investigation ou Plus belle la vie ; 40% du contenu proposé proviendra des partenaires, le reste devra venir des achats ; Salto ne sera pas disponible sur les box des opérateurs, uniquement via des applications. Des bâtons dans les roues pour un service qui va devoir faire ses preuves face à des mastodontes comme Netflix et Disney+ dont le lancement en France est programmé fin mars.