SALTO a franchi le dernier obstacle sur sa route : le service de streaming sur abonnement de TF1, France Télévisions et M6 a obtenu le feu vert de l'Autorité de la Concurrence, après une première annonce remontant à juin 2018. L'heure est aux réjouissances : « Le lancement de la plateforme nous donnera très prochainement les moyens de jouer sur notre territoire, face aux acteurs internationaux », se réjouit Delphine Ernotte la présidente de France Télé, qui vise sans le nommer Netflix.
Mais SALTO n'aura pas les mains complètement libres pour jouer des coudes face à l'ogre américain. Les géniteurs du projet ont dû faire des concessions pour arracher le feu vert du régulateur. Les passerelles entre le nouveau service et les trois groupes audiovisuels seront limitées et surveillées par des médiateurs.
Le catalogue de SALTO ne pourra pas comporter plus de 40% de contenus (hors films) acquis en exclusivité par les maisons mères, indiquaient Les Echos en juillet. Le service devra donc investir de manière soutenue pour créer ses propres programmes.
SALTO ne pourra pas non plus profiter de la totalité des fenêtres d'exclusivité de diffusion que les chaînes négocient pour leur compte. TF1, M6 et France Télévisions se sont aussi engagés à traiter leur service comme un annonceur lambda : autrement dit, pour faire sa promotion, SALTO devra payer ses réclames plein pot sur les chaînes, même s'il s'agit d'une initiative commune des trois groupes.
Le service de streaming proposera également les chaînes de la TNT (et leurs fonctions de replay), pour lesquelles il versera une rémunération à l'instar des autres distributeurs comme les FAI. SALTO ne bénéficiera donc d'aucun passe-droit, que ce soit dans sa programmation ou dans sa structure (les employés du service ne pourront pas être des salariés des maisons mères).
Ces conditions drastiques sont mises en place pour ne pas pénaliser d'autres initiatives du même genre qui pourraient se lancer sur le marché français. Mais face aux mastodontes actuels et futurs qui veulent leur part du gâteau, ces restrictions pourraient s'apparenter à des boulets au pied de SALTO. Celles-ci s'appliqueront pendant cinq ans et devront être renouvelées pour cinq années supplémentaires (les conditions liées aux risques de coordination entre les trois groupes s'appliqueront pour la durée de vie du service).
Le lancement de SALTO s'approche donc, même s'il reste encore tout à faire finalement : constituer une équipe, mettre au point l'offre tarifaire, les applications qui vont bien… Le lancement est prévu pour le premier trimestre 2020.