Les oreilles humaines de Google Assistant vont arrêter d'écouter aux portes en Europe, pendant une période de trois mois. Cette décision intervient sur la demande du Commissaire à la protection des données et à la liberté de l'information (HmbBfDI 🤧) de Hamburg, en Allemagne donc, après la découverte que des « petites oreilles » exploitaient des extraits de conversations entre son assistant et des utilisateurs.
Suite à la polémique, Google a détaillé que ces extraits — anonymisés — représentaient 0,2% du volume des conversations. Les prestataires mandatés par le moteur de recherche ont pour mission d'écouter et de retranscrire ces données afin d'améliorer la qualité de la reconnaissance d'Assistant et sa compréhension des requêtes vocales (lire : Chez Google aussi de petites oreilles écoutent les enregistrements audio de l'Assistant).
Un des problèmes soulevés par cette histoire, et c'est valable pour Alexa comme pour Siri, c'est que l'assistant peut parfois capter des conversations qui ne lui sont pas adressées. Il peut déclencher l'écoute suite à une erreur d'interprétation de son déclencheur (« OK Google »). Le HmbBfDI relève que ces sous-traitants sont susceptibles d'écouter des propos parfois sensibles, tenus dans la sphère intime. Une portion « non négligeable » de ces enregistrements sont obtenus suite à une mauvaise activation, s'inquiète aussi le régulateur.
Ce sont les raisons pour lesquelles le Commissaire a lancé une procédure administrative afin d'empêcher Google de fournir à des tiers ou à ses employés ces extraits audio pour trois mois. Le HmbBfDI s'appuie sur une disposition du règlement européen pour la protection des données (RGPD), qui permet à l'autorité d'un pays membre de prendre des mesures de suspension provisoire (pas plus de trois mois) envers un service, même si celui-ci n'est pas dans le pays en question. En Europe, Google est basé en Irlande. Cette mesure est dictée par le « besoin urgent d'agir pour protéger les droits et les libertés » des utilisateurs.
Google a donc obtempéré à l'injonction du régulateur allemand, en bloquant les écoutes des extraits audio à compter du 1er août, et ce pour l'ensemble de l'Europe. L'entreprise va profiter de la période pour « évaluer la manière dont nous procédons aux écoutes audio, et comment nous pouvons aider nos utilisateurs à comprendre comment leurs données sont utilisées ». Il est d'ailleurs probable qu'Amazon et Apple fassent de même, le HmbBfDI les ayant invité à revoir leurs pratiques en la matière.