On ne prête qu'aux riches, à tout le moins ceux qui ont les moyens de rembourser leurs dettes. Pour déterminer la solvabilité d'un individu, les banques américaines réalisent des enquêtes de crédit qui reposent en fait sur un chiffre, la cote de crédit. Celle-ci est déterminée en fonction, entre autres, de l'usage et de la régularité des remboursements du ou des crédits que le consommateur a contracté(s)1.
Cette cote est extrêmement utile puisqu'elle permet de décrocher un prêt pour un bien immobilier, une voiture, elle est même souvent exigée pour rassurer le propriétaire de son logement, pour obtenir un forfait mobile… ou une nouvelle carte de crédit. Aux États-Unis, ce score peut monter jusqu'à 850 (on est alors le roi du pétrole). Seuls 1% des Américains peuvent toutefois se prévaloir d'une telle cote !
Selon les statistiques FICO — une entreprise qui a inventé la notation de crédit du même nom —, 24% de la population américaine a une cote comprise entre 670 et 739, un score considéré comme « bon » (lire : Apple Card : on fait le point sur la carte de crédit d'Apple).
Pour obtenir une Apple Card, une enquête de crédit est donc réalisée par Goldman-Sachs, le partenaire bancaire d'Apple (c'est lui qui avance les sous aux utilisateurs du service). L'opération est très rapide, elle demande en général moins de deux minutes, ce qui permet de savoir tout de suite si on a droit à la ligne de crédit de l'Apple Card, et à la carte en elle-même.
Selon CNBC, Apple aurait en tête de recruter 100 millions d'utilisateurs de son Apple Card aux États-Unis. Pour répondre à cet objectif, Goldman-Sachs doit donc accepter des clients dont les cotes de crédit ne sont pas faramineuses. Le site rapporte qu'un utilisateur avec un score de 620 a pu obtenir un crédit Apple Card, certes peu élevé (750 $) avec le plus haut taux d'intérêt (23,99%) de l'offre.
Mais cela montre qu'Apple a l'ambition de servir un maximum de consommateurs… y compris ceux qui n'ont pas forcément de gros moyens ou qui ont rencontré des problèmes de crédit par le passé. Une situation qui rappelle la crise des subprimes ayant mené à la crise financière de 2008 : des banques avaient alors prêté à tire-larigot à des clients proches de l'insolvabilité. Goldman-Sachs a sa part de responsabilité dans cette catastrophe, en alimentant cette bulle plus que de raison…
Après avoir servi les grandes fortunes et les entreprises, le partenaire d'Apple cherche à s'imposer dans le secteur des services bancaires pour les particuliers. Marcus, sa banque de détail, accorde sans trop sourciller des prêts à des individus ayant une cote de crédit de 660.
Avec l'Apple Card, la Pomme a dans l'idée non seulement de gagner de l'argent (évidemment), mais aussi d'aider ses utilisateurs à adopter un comportement plus responsable de leurs finances. L'application Wallet permet de suivre très facilement l'évolution de son crédit, et de le rembourser à temps sans avoir à payer d'intérêt.
Pour Apple, cette volonté d'offrir un crédit au plus grand nombre ne tombe pas du ciel. À la fin des années 90, Steve Jobs avait alors voulu créer une carte de crédit avec l'établissement Capital One. D'après un ancien cadre de la banque, le patron d'Apple nourrissait une « aversion » au rejet de clients demandant un crédit !
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Une soumission au règne de l'argent-roi ? Très certainement. Une aliénation pousse-au-crime pour consommer et s'endetter toujours plus ? Sans aucun doute. Mais ce système récompense aussi les vertueux et les plus responsables… ↩