Le HomePod sera disponible dans le commerce à compter de ce vendredi, et les tests des journalistes américains sont libérés de l'embargo imposé par Apple. Tous ou presque dessinent le portrait d'une enceinte douée pour le son… mais pas pour grand chose d'autre.
Apple s'est montrée particulièrement généreuse en prêt de HomePod, de nombreux tests ont fleuri aujourd'hui. Pour cette petite revue de tests, nous nous appuyons sur ceux de Nilay Patel (The Verge), Matthew Panzarino (TechCrunch), Megan Wollerton (CNet), Ben Bajarin (Tech.pinions) et Brian Chen (New York Times). Nous vous proposerons bien sûr nos propres impressions dans les jours suivant le lancement du HomePod.
Ces tests permettent d'éclaircir quelques points de design qui restaient jusqu'à présent un peu obscurs. C'est le cas par exemple du cordon d'alimentation : contrairement à ce que disait une rumeur, ce câble est bel et bien intégré dans l'appareil. Du moins est-ce le cas pour les modèles de test envoyés aux rédactions des sites US ; il n'y a pas de raison de penser qu'il en ira autrement pour les unités du commerce, mais sait-on jamais (réponse en fin de semaine !).
L'« écran » en haut de l'enceinte n'en est pas vraiment un, c'est une matrice de LED colorés qui s'illuminent en fonction des besoins sous un panneau de verre dépoli. D'après les vidéos partagées par les sites, les animations semblent réussies, en particulier lorsque Siri prend la parole. Il s'agit selon les mots d'Apple d'une "surface tactile" et pas d'un écran capable d'afficher du texte et une interface (exception faite des commandes pour le volume).
Surtout une enceinte…
Le HomePod est d'abord et avant tout (et surtout) une enceinte. Tous les tests relèvent la qualité audio de l'appareil : le développement du produit, qui a accaparé Apple pendant six ans (avant Apple Music et HomeKit), a tourné presque entièrement autour du son. Apple a même invité les journalistes à une visite commentée du labo audio de Cupertino (il contient une des plus grandes chambres de test son aux États-Unis) en compagnie de Phil Schiller.
La première des choses à faire avec un HomePod, c'est… le poser quelque part, sur une surface plane de préférence (le son sera mauvais si l'appareil est sur la couette d'un lit ou sur un canapé). La configuration initiale est particulièrement simple. Elle ressemble en tout point à celle de l'Apple TV ou des AirPods : on approche un iPhone ou un iPad de l'appareil et les informations de connexion sont transférées vers le HomePod.
Le HomePod va modéliser la pièce dans laquelle il se trouve en suivant des processus de calibration protégés par 200 brevets. On aura l'occasion d'y revenir, mais de ce qu'on en comprend, c'est techniquement compliqué à décrire mais l'utilisateur n'a pas vraiment à s'en préoccuper : le résultat, disponible dans les dix secondes après avoir lancé un premier morceau, donne semble-t-il toute satisfaction.
Le son délivré par le HomePod est « sensiblement plus riche » que la plupart des autres enceintes testées par Nilay Patel, par exemple. Les basses sont impressionnantes, souligne-t-il, « mais on peut toujours entendre les détails dans les mediums sans que les basses n'étouffent la musique ».
Pour Matthew Panzarino, l'enceinte offre un son « nuancé et subtil », qui sépare bien les différents instruments. Pas besoin d'égaliseur, le processeur A8 et tout l'attirail interne de l'enceinte adaptant continuellement la sortie audio en fonction du morceau et de l'environnement.
Peu importe son style de musique, se réjouit Megan Wollerton : dance, pop, rock, symphonique… « Le HomePod a un excellent son ». Elle note toutefois que les amateurs de funk pourraient ne pas obtenir les retours audio auxquels ils sont habitués.
Le son du HomePod doit remplir l'espace de la pièce où il est placé. Dans les faits, on gagnera à positionner l'enceinte contre un mur plutôt qu'au milieu d'une pièce selon les constatations de Megan, ce qui sera de toute manière l'endroit de prédilection chez la majorité des utilisateurs.
Ben Bajarin n'a pas eu à se plaindre d'une dégradation de la qualité audio en fonction de l'endroit où est posé le HomePod : l'enceinte « sonne bien, peu importe l'endroit dans la pièce ». L'analyste explique que le son qui sort de l'appareil est « équilibré », la qualité du son est uniforme. Et on peut même pousser le volume à 11, le HomePod conservera cet équilibre et cette clarté. Pour beaucoup d'utilisateurs, le HomePod sera « la meilleure enceinte qu'ils aient jamais possédée ».
Au lancement, il manquera deux fonctions au HomePod. La stéréo au travers de deux enceintes (une fonctionnalité baptisé FullRoom par Apple), et le multi-room via AirPlay 2. FullRoom devrait être proposé dans un premier temps selon Matthew Panzarino, suivi par AirPlay 2.
… mais pas vraiment un assistant
On connait les limitations de Siri, et elles sont encore soulignées par le HomePod. Apple s'est contentée du strict minimum pour le lancement de l'enceinte : contrôle de la musique, lancement de minuteur (un seul à la fois…), lecture de la météo ou des nouvelles, mais pas de gestion des rendez-vous.
On peut convoquer Siri en touchant la surface tactile, ou via la requête « Dis Siri ». Pas de bouton Mute comme sur d'autres enceintes, mais Apple jure qu'elle n'écoute pas aux portes, seulement après avoir réveillé Siri.
Si on est tributaire d'un autre service de streaming qu'Apple Music, alors on n'aura pas le choix que d'utiliser AirPlay, c'est à dire en passer par un iPhone ou un iPad pour choisir un morceau ou une liste de lecture sur son service de prédilection.
Siri peut prendre ensuite le relais pour mettre la lecture sur pause et la relancer, et modifier le volume. On peut aussi demander à l'assistant des informations sur le titre en cours de lecture, si les applications ont été mises à jour à cet effet. Avec Apple Music par exemple, l'enceinte peut dire qui joue de la basse sur tel morceau.
Comme l'explique Matthew Panzarino, le HomePod sera parfait chez un célibataire. Car si on habite avec une petite famille, alors tout le monde pourra demander à entendre vos derniers courriels ou envoyer des messages en votre nom. Cela a un sens : n'importe qui dans la maison peut demander à lire un morceau, contrôler la musique ou éteindre une lumière. Mais on n'appréciera peut-être pas qu'un ami de passage puisse tout connaitre d'une conversation Messages privée.
Heureusement, les réglages du HomePod permettent de désactiver les requêtes personnelles, en attendant que Siri prenne en charge plusieurs voix ou qu'il n'obéisse qu'au propriétaire du compte iCloud pour les demandes personnelles. De ce qu'on en comprend après lecture de ces tests, c'est que pour le moment, Apple conseille de désactiver ces requêtes personnelles.
Autre restriction (temporaire, on l'espère) relevée par The Verge : le fonctionnement avec l'Apple TV. La connexion entre les deux appareils se coupe dès que l'on joue de la musique avec Siri ; résultat, il faut en repasser par un jumelage entre l'enceinte et la box TV. S'agit-il d'un bug ?
Mise à jour — René Ritchie apporte un éclairage sur le sujet. Il faut effectivement reconnecter le HomePod à l'Apple TV après avoir lancé la lecture de Beats 1 par exemple ou de n'importe quel fichier audio provenant d'iCloud. La manipulation est simple, il suffit de sélectionner la source audio en glissant vers le bas puis en choisissant la sortie HomePod. Mais on aurait aimé que la reconnexion soit automatique à partir du moment où on relance la lecture de la vidéo sur l'Apple TV.
La vidéo de The Verge ci-dessus comprend un comparatif audio entre plusieurs enceintes connectées et le HomePod. À écouter avec un casque pour entendre la différence.
Plus réjouissant : les six micros intégrés au HomePod sont très performants et ils répondent parfaitement présents au moment de demander quelque chose à Siri. Y compris lorsque l'enceinte diffuse du gros son. Ben Bajarin est le plus enthousiaste des testeurs (et le seul…) en ce qui concerne Siri : « Le HomePod est devenu ma façon préférée d'interagir avec l'assistant, et j'utilise Siri bien plus fréquemment qu'avant ».
Brian Chen se plaint lui que Siri n'apprenne rien de ses préférences musicales. Un « DJ borné » qui lui sert du Taylor Swift alors qu'il écoute David Bowie et les Talking Heads. L'assistant fonctionne même moins bien sur un HomePod qu'il ne s'exécute sur un iPhone. Le testeur pointe aussi la prononciation « bizarre » du nom de certains artistes.
En attendant un assistant plus finaud
Le HomePod est « difficile à recommander », reconnait Brian Chen. Il estime qu'il s'agit d'un produit « pas fini » dont la configuration passe nécessairement par un appareil iOS et qui ne donne le meilleur de lui-même qu'avec un abonnement Apple Music.
« Si vous n'aimez pas Apple Music, n'achetez pas de HomePod », explique Matthew Panzarino. « Le HomePod a un bon son, mais on peut se demander si c'est suffisant pour justifier les limites de ses fonctions intelligentes ».
Ces reproches sont sensiblement les mêmes adressés à l'appareil par Nilay Patel, qui décrit le HomePod comme un produit « isolé », destiné à une personne très exigeante qui vivrait plongé dans l'écosystème Apple (avec un peu de chance, il devrait se trouver pas mal de personnes dans cette catégorie).
Du côté du verre à moitié plein, l'enceinte est un bel appareil aux excellentes qualités audio. « Le HomePod est un nouveau genre de produit audio », conclut Nilay Patel. « Il fait plus que les autres enceintes pour la reproduction sonore, et cela fonctionne vraiment bien ». La configuration est « rapide », se réjouit Megan Wollerton, les basses sont « impressionnantes » et la reconnaissance de « Dis Siri » en font un appareil digne d'intérêt pour la maison connectée.
Les avis sont finalement assez unanimes. Le HomePod impressionnera du côté du son, mais beaucoup moins par son ouverture d'esprit et ses fonctions intelligentes. On peut se rassurer en se disant que tout cela peut s'améliorer via le logiciel… Mais l'histoire nous a appris que Siri, malgré son avance initiale, est toujours resté en retrait de la concurrence.