Rassemblés le week-end dernier à Cannes à l'occasion du Midem, les acteurs de l'industrie musicale française ont annoncé vouloir être rémunérés par Google, à l'instar d'une partie de la presse qui est toujours en négociation avec l'entreprise américaine (lire : Google : fuite des résultats, des actionnaires... et des journaux ?).
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Photo kesos s CC BYDans une interview à L'Expansion, David El Sayegh, directeur général du Syndicat national de l'édition phonographique (SNEP), explique cette démarche. « On constate un transfert de valeur au profit des intermédiaires techniques et au détriment des industries culturelles. Ces intermédiaires, comme les moteurs de recherche, font travailler les deux bouts de la chaîne, les internautes et les producteurs de contenus, et profitent des richesses des deux », introduit David El Sayegh qui mentionne la rémunération pour copie privée, une taxe sur les supports d'enregistrement, comme dispositif qui contribue au financement de l'industrie musicale. Le directeur général du SNEP, qui écarte la licence globale (une rétribution forfaitaire qui permettrait les échanges non commerciaux), se défend d'être suiviste par rapport à la presse qui cherche à soutirer des sous à Google : « la réflexion de fond était menée avant que la presse ne s'empare du dossier. » L'Expansion fait alors remarquer que Google ne référence que des liens pour accéder à la musique, contrairement aux articles de presse où les premières lignes sont reprises par le moteur. Une différence qui n'en serait pas une pour David El Sayegh : « C'est exactement le même concept qui est à l'oeuvre : il s'agit d'utiliser une source d'audience très importante pour des contenus dans le but de devenir une porte d'entrée incontournable sur internet. »
- Si l'on suit votre raisonnement, Google ne devrait-il pas rémunérer tous les secteurs qu'il référence ?, note L'Expansion - Sauf que tous les secteurs ne s'appauvrissent pas. Et Google est beaucoup consulté pour la musique, réplique le directeur général du SNEPPour l'heure, les contours du dispositif sont assez flous. Il s'agirait de « créer une rémunération compensatoire, un peu dans l'esprit de la rémunération pour copie privée. » L'industrie musicale peut compter sur le soutien de la Ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti. « Aujourd'hui, les grands acteurs de l'internet doivent participer au financement de la création, comme dans les années 80 on a mis à contribution les chaînes de télés pour préfinancer le cinéma », a-t-elle déclaré à l'AFP. « Concernant la musique, il n'est pas sûr qu'il faille décalquer ce que nous sommes en train d'élaborer concernant la presse. Ce sont deux questions assez différentes sur le principe et ce qui est mis en place pour la presse ne pourrait pas être mis en place pour la musique », a-t-elle ajouté. Un soutien qui n'est pas partagé aussi franchement par la Ministre déléguée à l'Économie numérique, Fleur Pellerin : « Je trouve plus intéressant d'essayer d'accompagner les industries culturelles dans leur mutation pour s'adapter au numérique que d'essayer, par des cautères qui conduisent à ponctionner d'autres secteurs de l'économie, d'obtenir des subventions ». Et de déclarer au Figaro que parvenir à faire payer aux multinationales de l'Internet l'impôt sur les sociétés était un « préalable indispensable » (lire : La taxe sur les données personnelles se dessine). L'industrie de la musique et la ministre de la Culture attendent les conclusions de la mission Lescure sur l'« Acte II de l'exception culturelle », qui seront rendu fin mars, pour agir concrètement.
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Image Sean MacEntee CC BYPar ailleurs, des négociations se déroulent actuellement entre la SACEM, la société de gestion collective en charge des droits des auteurs, et YouTube. L'accord qui lie les deux parties depuis septembre 2010 est arrivé à son terme à la fin de l'année dernière. Résultat, plus de publicités pour les vidéos musicales prises en charge par la SACEM, et donc une source de revenus en moins pour les maisons de disque. « Nous demanderons à YouTube d'enlever nos vidéos clips », a déclaré Pascal Nègre, président d'Universal Music France, en guise de menace. Une position que n'adopte pas le président de Sony Music France, Stéphane Le Tavernier : « Retirer les contenus serait négatif, ce serait un retour vers le passé. Nous devons trouver un accord pour partager la valeur ». Les nouveaux acteurs de l'industrie musicale française, les plateformes en ligne (Deezer, MusicMe, Beezik...), tirent eux aussi la sonnette d'alarme. Axel Dauchez, patron de Deezer et président du Syndicat des éditeurs de service de musique en ligne, met en garde. « Aujourd'hui, il n'y a plus de place pour de nouveaux entrants, ni d'espace économique pour se développer, explique-t-il. Si on ne fait rien, le secteur se concentrera bientôt autour de trois ou quatre acteurs internationaux. » Là encore, Google est visé. Les plateformes proposent plusieurs mesures comme une nouvelle répartition de leurs revenus avec les producteurs et un abaissement de la TVA.