Le directeur financier de Pandora a évoqué la récente rivalité entre son entreprise et le nouveau service musical d'Apple, dans une interview réalisée par Bloomberg.
En huit années, la plateforme de streaming radio Pandora s'est fait une solide place. La compagnie recense 72 millions d'utilisateurs actifs par mois en Australie, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande. Seulement voilà, Pandora n'est plus toute seule. Onze jours après son lancement, iTunes Radio, dont le fonctionnement est assez similaire, occupait déjà 15% du marché, ce qui en fait une "menace crédible" d'après le directeur financier Mike Herring. La société prend d'ailleurs la chose "très au sérieux".
Jusqu'à présent habitué à repousser la concurrence, Pandora voit là un rival dangereux. Les tentatives les plus récentes ont toutes été menées par de grandes entreprises (Google, Microsoft, Twitter…), mais sans succès. iTunes Radio, qui est intégré à iOS 7 et iTunes, deux logiciels utilisés par des centaines de millions de personnes, a de quoi inquiéter la plateforme. Reste à voir s'il y a de la place pour deux.
Contrairement à Pandora, Apple n'a pas à payer les ayants droit pour chaque écoute. Les morceaux que l'utilisateur possède déjà dans sa bibliothèque ou qui font partie d'un album dont il a déjà quelques titres ne sont pas facturés (lire : iTunes Radio s'accorde avec les maisons de disques indépendantes). En revanche, Apple paie plus cher par piste jouée que Pandora, ce qui évidemment intéresse les maisons de disque. "Nous voyons iTunes comme une offre compétitive, mais nous pensons être un grand service qui fait cela mieux que quiconque", explique sans prétention Mike Herring.
En réponse à iTunes Radio, Pandora ne compte pas réajuster ses taux. La compagnie explique qu'elle aimerait pouvoir payer les artistes un peu plus, mais son positionnement n'est clairement pas celui d'iTunes : "Il a fallu à la fois répondre à la question du piratage et proposer une alternative aux plateformes de téléchargement comme iTunes".
Les maisons de disque ont beaucoup critiqué Pandora, mais il faut savoir que l'an dernier 250 millions de dollars de royalties ont été versés aux artistes. Néanmoins, la compagnie ne représente que 7% du marché américain de la musique et a encore beaucoup à apprendre. Le directeur financier de Pandora estime qu'il a fallu beaucoup d'argent à Apple pour lancer un service concurrent, mais il est trop tôt pour extrapoler. Selon lui, le problème est tout autre.
"Le gouvernement a dû intervenir pour fixer des taux et a créé une situation où les avocats ont le contrôle, plutôt que d'avoir des négociations entre artistes et hommes d'affaires", juge-t-il. Herring a d'ailleurs profité de cet entretien pour exprimer son désir de voir Pandora se développer à l'international. Apple cible une centaine de pays avec iTunes Radio qui n'est disponible qu'aux États-Unis pour le moment (lire : Pas de nouveaux pays pour Radio iTunes avant 2014 d'après Bloomberg).
"Ce que nous voulons faire, c'est prouver au monde que l'arrivée de Pandora avec les bons taux et les bonnes structures pourrait être bénéfique au marché de la musique", a ajouté Mike Herring.