La Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur Internet, plus connue sous le nom d'Hadopi, se « félicite des chiffres encourageants » présentés par l'IFPI. La Fédération internationale de l'industrie phonographique établit en effet un lien direct entre l'établissement de l'Hadopi et la hausse des ventes de musique en France, en se basant sur une étude universitaire. Problème : cette étude voit une corrélation là où il n'y en a pas.
Les auteurs de cette étude, qui se sont procuré les chiffres de ventes des quatre majors sur l'iTunes Store de plusieurs pays européens entre juillet 2008 et mai 2011 — soit environ 70 % des ventes. Le but étant la comparaison avec la France, un marché important, seuls les pays les plus dynamiques ont été retenus dans l'échantillon (Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Belgique, Espagne), sur un nombre réduit de genres « significatifs » (rap, hip-hop, rock, pop, classique, folk, jazz).
Ces chiffres de vente ont été comparés au « degré d'information » des internautes français sur Hadopi — à partir des statistiques de Google Trends, dont on connaît la fiabilité plus que douteuse (Google elle-même prévient très clairement). Mais il s'agit après tout de ne dégager qu'une tendance vague, pas d'établir un lien fort entre deux jeux de données pour tenter de prouver l'efficacité d'une loi importante aux effets économiques potentiellement majeurs…
Problème : l'étude voit une corrélation dans les courbes là où il n'y en a pas. En France comme dans le reste des pays européens, les pics de téléchargement sur l'iTunes Store sont rythmés… par le calendrier d'Apple. Cette tendance est plus forte en France que dans le reste des pays européens : c'est le marché le plus important pour l'iPhone en dehors des États-Unis. Sortie de l'iPhone 3G, 3GS et 4 et fêtes de fin d'année provoquent des pics bien plus convaincants que l'Hadopi.
Hadopi sur Google en 2010.
Les chercheurs parviennent à la conclusion qu'avant l'Hadopi, le marché français de la musique vu depuis l'iTunes Store se comporte de la même manière que le reste du marché d'Europe occidentale. Après Hadopi, les ventes augmenteraient plus rapidement en France, les internautes étant bien informés (deux pics de recherche). Les ventes françaises de titres auraient été 22,5 % plus fortes et les ventes d'album 25 % plus fortes que si Hadopi n'avait pas été votée (différence entre la France et le groupe de contrôle).
Problème : l'étude voit une corrélation dans les courbes là où il n'y en a pas. En France comme dans le reste des pays européens, les pics de téléchargement sur l'iTunes Store sont rythmés… par le calendrier d'Apple. Cette tendance est plus forte en France que dans le reste des pays européens : c'est le marché le plus important pour l'iPhone en dehors des États-Unis. Sortie de l'iPhone 3G, 3GS et 4 et fêtes de fin d'année provoquent des pics bien plus convaincants que l'Hadopi.
Graphique Le Monde
Hadopi a sans doute un effet sur l'imaginaire des internautes, notamment les moins bidouilleurs et les moins informés (ce qui s'oppose donc à la méthodologie de l'étude). Mais cet effet est très dur à mesurer : les chiffres avancés par les majors pour quantifier le piratage ont des bases très faibles, ce phénomène échappant par essence à la statistique. Seule conclusion de cette étude donc : les Français achètent des iPhone, et téléchargent sur l'iTunes Store.