L’offensive vidéo qu’Apple va mener durant le special event de ce lundi tournera autour de l’application TV, rebaptisée en interne le « tueur de Netflix ». C’est du moins ce qu’a entendu dire le Wall Street Journal dans un long article qui détaille une bonne partie des annonces attendues pour demain.
Si Apple parle de Netflix, le modèle économique de ce nouveau service sera bien plus proche de celui d’Amazon Channels : l’utilisateur pourra s’abonner à des services comme Showtime, HBO ou encore Starz pour 9,99 $ par mois pour chaque chaîne (lire : Pour son service vidéo, Apple vendrait surtout des abonnements à d’autres services vidéo).
Quant au contenu exclusif produit par le constructeur, il ne serait finalement pas proposé gratuitement aux possesseurs de produits de la marque comme la rumeur l’avait prédit. Le constructeur aurait toutefois tourné un moment autour de cette idée. Le WSJ ne dit pas comment seront distribués ces programmes.
L’application TV, que l’on trouve déjà pré-installée dans l’Apple TV et les appareils iOS, devrait rapidement se retrouver dans les téléviseurs des constructeurs partenaires (Samsung, LG, Sony et Vizio). Les petits boîtiers de Roku devraient aussi être de la fête.
L’autre service attendu, c’est celui qui offrira l’accès à des dizaines de magazines en illimité depuis Apple News. Le forfait mensuel devrait coûter 9,99 $ par mois ; parmi les publications proposées, on retrouverait le Wall Street Journal qui mettrait surtout en avant ses infos politiques et généralistes. Les articles concernant la finance et le business — ce qui fait le pain et le beurre du quotidien — seraient moins facilement accessibles.
Contrairement au New York Times qui dit pis que pendre de cette initiative d’Apple, le WSJ est manifestement à fond derrière la Pomme, à tel point que la publication compte embaucher des journalistes pour alimenter la participation du journal à Apple News.
L’article revient également sur la volonté farouche de Tim Cook de vouloir imposer Apple sur le marché des services, afin de compenser des ventes d’iPhone en baisse. En 2015, Apple a tenté de s’entendre avec Disney et d’autres grands noms pour lancer un service de streaming… sans y parvenir. La Pomme aurait alors envisagé d’acquérir Netflix ou Disney, ou même de créer son propre studio de production.
Finalement, Apple a embauché deux pointures de Sony pour acheter et produire des programmes. La Pomme devrait montrer un petit bout de ces premiers contenus durant le keynote. Autre information intéressante, la reconnaissance par Apple qu’il est impossible d’aller seul à la conquête des services.
Durant une réunion, Jon Giselman le patron du marketing des services aurait admis une « erreur » avec Apple Music : « Nous avons pensé que nous pourrions nous lancer seuls, et cela nous a pris beaucoup de temps pour rattraper [la concurrence]. Nous n’en sommes d’ailleurs pas encore là ». D’où l’ouverture d’Apple Music aux enceintes Echo d’Amazon, ou encore d’AirPlay 2 aux constructeurs de smart TV.
Selon la publication, les équipes d’Apple ont développé un radar qui permet à Tim Cook de surveiller les applications susceptibles de menacer Apple. Par exemple, le CEO peut mesurer la différence entre les ventes d’iTunes par rapport à la croissance des abonnements à Apple Music.
Le modèle économique d’Amazon Prime a aussi été scruté de près : le géant du commerce en ligne offre généreusement de la musique et des contenus vidéo contre un abonnement annuel relativement bon marché. Si certains en interne pousseraient Apple à proposer quelque chose d’équivalent pour les propriétaires d’iPhone, la direction de l’entreprise et Tim Cook en tête ne veulent pas en entendre parler. Les services d’Apple auront un prix.