More Life, le dernier projet de Drake, vole de record en record. Après avoir flirté avec le seuil des 90 millions de streams en 24 heures, l’album a flirté avec les 600 millions d’écoute en une semaine sur tous les services de streaming sur lesquels il a été lancé ; sur Apple Music uniquement, More Life a été écouté 300 millions de fois. À ce petit jeu, Drake bat… Drake, puisque le précédent record était signé par Views, la précédente galette de l’artiste canadien (250 millions de streams en une semaine).
Drake ne bat cependant pas le record absolu de l’album le plus écouté sur un service en streaming : le hochet est toujours détenu par Divide d’Ed Sheeran, qui a atteint 375 millions de diffusions en streaming sur Spotify. Néanmoins, Drake se débrouille plutôt bien. Aux États-Unis seulement, son dernier effort a été streamé 348,8 millions de fois durant sa première semaine — l’album était alors une exclusivité Apple Music.
L’aspect le plus intéressant de cette histoire, en dehors des volumes d’écoute impressionnants, c’est que More Life était aussi disponible à l’écoute sur Spotify. Or, c’est Apple Music qui a su tirer son épingle du jeu le premier jour, avec 89,9 millions d’écoutes, contre 33 millions « seulement » chez le rival anglo-suédois (lire : Drake signe un record sur Apple Music… et Spotify).
Depuis 2015 et les débuts du service de streaming, l’image d’Apple Music est étroitement accolée à celle de Drake, pour le meilleur jusqu’à présent (lire : Drake cartonne grâce au rouleau compresseur d'Apple). Les deux parties travaillent ensemble, le chanteur ayant apporté ses idées, charge à Apple d’assurer l’intendance. « [Drake] a eu l’idée, nous avons bâti autour de ça », raconte Jimmy Iovine à The Verge. « Nous avons beaucoup appris de lui, et l’industrie dans son ensemble a beaucoup appris également ».
Avant Apple Music, Drake proposait ses exclusivités sur SoundCloud (qui est désormais en difficulté) ; depuis 2015, il les réserve pour Apple Music et en particulier Beats 1 et l’émission OVO Sound Radio. « C’est la plus grande station de radio au monde », s’enorgueillit Larry Jackson, le patron du contenu Apple Music. « Si vous revenez en juillet 2015, tous ces morceaux qui sont sortis comme Back to Back, Hotline Bling qui a débuté dans OVO Sound Radio, Charged Up… Tous ces titres ont commencé dans un espace qui était vraiment nouveau et naissant, et Drake l’a fait sien ». De fait, les morceaux exclusifs de l’artiste sont souvent diffusés dans cette émission.
Robert Kondrk, vice-président en charge des applications et des contenus, file une métaphore intéressante pour décrire la dynamique entre Apple Music et Beats 1 : les deux forment un parc d’attractions. Quand on écoute Beats 1 dans Apple Music, il est ensuite naturel de rester au sein du service pour écouter les chansons entendues à la radio. « La musique a commencé d’abord dans OVO Sound Radio, et personne ne quitte jamais le parc d’attractions, et c’est pourquoi ces chiffres [de streams] ont un sens. C’est un nouveau paradigme que nous avons créé ici, pour quelqu’un comme [Drake] qui est venu, qui est un génie et qui tire profit de tout ce que nous avons à lui offrir ».
Un discours dans le droit fil des explications parfois tortueuses données par Jimmy Iovine au fil de ses interviews : ne pas faire d’Apple Music un simple robinet musical, mais apporter une plus-value, un supplément d’âme en quelque sorte.
Pour revenir à quelque chose de plus terre à terre, Zane Lowe le grand manitou de Beats 1 a entr’ouvert la porte à la possibilité de voir débarquer de nouvelles stations de radio. Pour Cnet, il explique que des discussions sont toujours en cours pour développer des Beats 2, 3, 4, etc.
Espérons que les tessitures musicales seront différentes de la première radio, très orientée hip-hop et musiques urbaines. Il faudra cependant attendre avant de voir du neuf sur ce front : « Jusqu’à ce que nous ayons quelque chose [à montrer], Apple va poursuivre et travailler dessus, et ils ne présenteront [ces nouveautés] que quand ils sentiront qu’elles sont prêtes ».