L'année a été plutôt bonne pour Apple Music, qui a bénéficié d'une toute nouvelle interface plus simple, et qui compte plus de 20 millions d'abonnés payants. L'heure est maintenant au bilan pour Jimmy Iovine, le patron des activités musicales d'Apple, et Larry Jackson, responsable du contenu musical.
Le New York Times a réuni les deux dirigeants pour une interview au cours de laquelle ils sont revenus sur ce qui a fait l'actualité cette année, à commencer par « l'affaire » Frank Ocean.
L'artiste a lancé avec succès son nouvel album, Blonde, qui se classe dans le top des galettes les plus diffusées en streaming sur Apple Music. Ce lancement exclusif sur le service d'Apple a provoqué la fureur des dirigeants de Universal, l'ancienne maison de disques du chanteur, qui ont promis qu'ils refuseraient dorénavant les exclusivités.
« Nous voulions travailler avec Frank Ocean », explique Jimmy Iovine. « Nous avions un accord, nous travaillons avec lui, et il contrôlait chez qui allait sortir sa musique ». D'après lui, il n'était pas nécessaire d'être le premier ou le dernier sur le coup, puisque « nous aurions eu l'album quoi qu'il arrive. Ce qui s'est passé entre Universal et [Franck Ocean] reste entre eux. Ça n'a rien à voir avec nous ».
Une des raisons pour lesquelles Apple Music compte plus de 20 millions d'abonnés, indique-t-il, c'est que le service a accès très vite à la musique, souvent de manière exclusive comme on l'a vu. Malgré tout, « est-ce que nous voyons des pics [d'abonnements] quand nous avons des exclusivités ? Oui. Est-ce la seule raison pour laquelle [nous recrutons] de nouveaux abonnés ? Non ».
L'ancien patron du label Interscope assure qu'Apple n'a aucune envie de se transformer en maison de disques. « Mais notre intérêt, c'est de bâtir la meilleure plateforme possible pour communiquer avec le public ».
Le monde de la musique est petit : tout le monde se parle, et Jimmy Iovine, avec son carnet d'adresses et son entregent, a la tête un peu partout. Y compris chez les services de streaming concurrents ! « Je vois Jay [Jay-Z, le propriétaire de Tidal] tout le temps. Je veux qu'il réussisse. Il n'y a jamais eu une maison de disques unique (…) Nous sommes des concurrents, c'est entendu. Mais pour le reste [en dehors du business], pas du tout ». En septembre, une rumeur — démentie — annonçait l'acquisition de Tidal par Apple.
Si l'ambiance semble au beau fixe d'après cette belle langue de bois ces déclarations, il y aura sans doute un jour une consolidation sur le marché des services de streaming. « Regardez l'histoire », conseille Iovine. « Il en restera deux ou trois, comme il y a deux ou trois [acteurs] dans tout le reste ».