Un pas dans « la bonne direction » : c’est ainsi qu’un responsable de la maison de disques BMG qualifie le renouveau de l’industrie de la musique depuis deux ans. Les trois majors ont annoncé des profits cette année, même si on est loin des niveaux de 1999 durant laquelle les revenus avaient atteint un sommet ; depuis, les ventes annuelles ont fondu de moitié, tournant en moyenne autour des 7 milliards de dollars.
Mais la période des vaches maigres est peut-être derrière cette industrie, grâce aux services de streaming. Les dépenses des consommateurs progressent en effet depuis l’an dernier : aux États-Unis, durant les six premiers mois, les revenus de la musique enregistrée ont augmenté de 8,1%, ils atteignent les 3,4 milliards de dollars d’après des chiffres de la RIAA consultés par Bloomberg.
Ce ne sont pas les ventes de CD qui ont soutenu l’activité : elles sont en baisse de 14% au premier semestre. Non, c’est bien le streaming qui permet au secteur de relever la tête avec une croissance à deux chiffres. Il se trouve que les 120 $ annuels des abonnements premium de Spotify ou d’Apple Music sont supérieurs au budget CD moyen, y compris pendant l’âge d’or de la galette.
Les revenus issus du streaming ont, aux États-Unis, augmenté de 57% sur les six premiers mois de l’année, soit 1,6 milliard de dollars. C’est pratiquement la moitié du chiffre d’affaires de l’industrie. L’écoute gratuite financée par la publicité a elle progressé de 24% à 195 millions. Malgré tout, certains comme Cary Sherman de la RIAA estiment que ces services se paient sur la bête.
Dans un billet publié sur le blog de l’association de l’industrie musicale américaine, il écrit : « Beaucoup de ces services génèrent des milliards de dollars pour eux mêmes sur le dos de la musique et de sa popularité, mais ils ne paient que des centimes aux artistes et aux maisons de disques ». Et le problème du piratage n’a pas été réglé pour autant : « Les sites pirates opèrent en toute impunité ».
Enfin, d’après des responsables de l’industrie, Apple Music — qui compte 17 millions d’abonnés payants — recrute surtout des utilisateurs qui n’avaient jamais payé de forfait pour de la musique. Ce ne sont pas les mêmes abonnés que chez Spotify (40 millions de clients), ce qui est intéressant pour l’industrie : en s’adressant à des publics différents, les services ne se vampirisent pas… pour le moment. Signe que le marché continue de croître.