Accusée par Spotify d’utiliser les règles de l’App Store comme d’une « arme » pour étouffer sa concurrence, Apple n’aura pas tardé à répondre. « Nos règles favorisent la concurrence », assure Bruce Sewell, le directeur juridique de la firme de Cupertino. « Vous le savez, puisque Spotify a grandement bénéficié de l’App Store », continue-t-il dans une lettre obtenue par Buzzfeed.
Et de dévoiler des chiffres que Spotify aurait sans doute préféré conserver secrets : depuis son entrée dans l’App Store en 2009, l’application du service de streaming musical a été téléchargée plus de 160 millions de fois, et a dégagé un chiffre d’affaires de « plusieurs centaines de millions de dollars. » « Voilà pourquoi nous sommes troublés que vous demandiez à être exempté des règles qui s’appliquent à tous les développeurs », dit un Bruce Sewell passablement agacé par les « rumeurs » et les « demi-verités » proférées à l’encontre d’Apple.
Il ne nie pas qu’une mise à jour de l’application de Spotify ait été rejetée après sa soumission le 26 mai dernier, bien au contraire. Mais si elle a été rejetée, c’est que « la fonction d’achat in-app a été supprimée et remplacée par une fonction d’inscription clairement conçue pour contourner les règles de l’App Store en matière d’achats. » Apple se dit prête à valider toute mise à jour de Spotify… à condition qu’elle intègre le système d’achats in-app de l’App Store.
Cette fin de non-recevoir est aussi l’occasion d’un rappel : « nos règles », dit Bruce Sewell, « s’appliquent uniformément à tous les développeurs. » Les développeurs indépendants doivent les respecter, Amazon et Google doivent les respecter, Spotify doit les respecter :
Nous n’avons pas changé notre façon de faire ou nos règles lorsque nous avons présenté notre propre service de streaming musical, ou lorsque Spotify est devenu un concurrent. Ironiquement, c’est maintenant Spotify qui veut changer les choses en exigeant d’Apple un traitement préférentiel — arguant ainsi qu’elle devrait être traitée différemment […] parce que nous sommes en concurrence. […] Insinuer que Spotify pourrait récolter les fruits du labeur d’Apple sans rétribution, comme aucun autre développeur, vous donnerait un énorme avantage sur les autres. C’est tout simplement injuste et absurde.
Spotify n’est évidemment pas la première entreprise à se plaindre du contrôle qu’Apple exerce sur sa plateforme, mais la firme de Cupertino répond qu’il s’agit simplement du contrôle qu’exerce tout distributeur sur son infrastructure. L’App Store fournit un service en l’échange d’une rétribution, une commission de 30 % qui tombe désormais à 15 % après la première année. Bref, rien dans la conduite d’Apple « ne relève du droit de la concurrence », tout relèverait de la relation contractuelle entre un client ambitieux et son fournisseur inflexible. À bon entendeur…