En un an d’existence, Apple Music a atteint les 15 millions d’abonnés payants : c’est deux millions de plus qu’au dernier pointage datant de fin avril. À cette occasion, et aussi pour appuyer le lancement de la nouvelle interface du service de streaming musical, Billboard a interrogé les quatre « patrons » d’Apple Music : Eddy Cue, vice-président des logiciels internet et des services, Robert Kondrk le VP en charge des contenus et des applications média, Trent Reznor le directeur créatif d’Apple Music, et l’inénarrable Jimmy Iovine.
Une belle brochette donc, qui est d’abord revenue sur la radio Beats 1. On aurait pu s’attendre à des annonces durant le keynote, par exemple celle d’un lancement de plusieurs déclinaisons (Beats 2, Beats 3, etc.), mais « il y avait déjà beaucoup à couvrir », explique Cue. Beats 1 est d’abord vu comme un outil de promotion pour le reste de l’offre musicale d’Apple — la « pointe de la flèche », illustre Kondrk.
Alors que le streaming commence à sérieusement prendre son essor, l’industrie du disque n’est pas prête à abandonner complètement les bons vieux téléchargements (pas encore, du moins). Il existe semble-t-il un débat au sein d’Apple pour savoir quand porter le coup fatal à l’iTunes Music Store (lire : Les téléchargements de l’iTunes Music Store, stop ou encore ?).
Évidemment, Eddy Cue ne confirme rien : « Il n’y a pas de date de fin (…) et notre activité iTunes Music Store se porte très bien ». Cependant, et de toute évidence, les téléchargements ne vont pas progresser, mais « ils ne déclinent pas aussi vite que certains le prédisent ou le pensent. Il y a encore beaucoup de personnes qui téléchargent de la musique et qui sont heureuses comme ça, et ils ne passeront pas au streaming et à l’abonnement ».
Pour Trent Reznor, qui est également le leader de Nine Inch Nails, « il est inévitable que les téléchargements diminuent, un peu comme les CD ». Mais le produit physique a toujours quelque chose qui plait ; il a d’ailleurs commencé à racheter des vinyles ! Néanmoins, pour lui l’avenir est au streaming. Et cela peut marcher pour les artistes — évidemment, il faut s’appeler Drake pour gagner beaucoup d’argent, mais l’exemple est intéressant puisque son dernier album a rapidement atteint le million d’exemplaires téléchargés légalement, tout en explosant les records de streaming (lire : Drake cartonne grâce au rouleau compresseur d'Apple).
Apple Music offre aux utilisateurs trois mois de musique gratuite ; il faut ensuite passer à la caisse, une dizaine d’euros par mois. Eddy Cue ne précise pas le ratio entre les gens qui s’abonnent réellement, et ceux qui lâchent le service après la période d’essai. Mais Eddy Cue se dit « très heureux des résultats. Et les chiffres sont restés très réguliers, ils n’ont pas vraiment changé ».
Avec son service musical, Apple tente de connecter la technologie à la musique, à la création. « Une des choses formidables qu’avait Steve Jobs, grâce à son implication dans Pixar, c’était sa compréhension très différente du monde du divertissement [par rapport au reste de l’industrie informatique] », explique aussi Cue. « C’est une des raisons pour lesquelles [Apple] a connu le succès depuis le début ».
Il arrive parfois qu’au quotidien, les équipes d’Apple et les pièces rapportées de Beats 1 échangent des mots (Reznor : « Nous ne nous contentons pas toujours de nos voix intérieures »). Heureusement, tout ce petit monde travaille en bonne intelligence (Cue : « Si vous voulez faire quelque chose de super, [s’engueuler] c’est le seul moyen »).