Netflix va se lancer dans son plus grand chantier depuis sa création : encoder à nouveau chaque fichier vidéo à sa disposition. Le service de streaming a un objectif très simple : améliorer la qualité, tout en réduisant le poids de chaque fichier, et donc la bande-passante nécessaire pour regarder un film ou une série. Un énorme travail, mais qui pourrait diminuer la quantité de données envoyées à hauteur de 20 %, ce qui est immense à son échelle.
Réencoder un catalogue aussi vaste que celui de Netflix n’est pas une décision que l’on prend à la légère du jour au lendemain. L’entreprise y travaille depuis 2011 et elle a utilisé non seulement ses propres ingénieurs, mais aussi les chercheurs de trois universités (dont celle de Nantes, en France) pour trouver la meilleure solution. À l’arrivée, voici le plan de bataille : analyser chaque vidéo pour déterminer sa complexité et encoder ensuite chaque fichier en fonction de ce profil.
Jusque-là, Netflix avait choisi une qualité pour chaque profil de connexion : avec de l’ADSL ou de la fibre, on a un débit moyen et du 1080p, avec de la 3G, on a tel autre débit moyen, etc. Avec cette échelle, on avait au mieux un débit de 5,8 Mbps quelle que soit la source, ce qui est insuffisant pour une qualité parfaite sur un film d’action, et superflu pour un film d’animation. Plus l’image contient d’informations, plus elle sera complexe à encoder et nécessitera un débit élevé pour proposer une bonne qualité. À l’inverse, une image d’animation constituée essentiellement d’aplats de couleurs est beaucoup plus simple et on peut obtenir une excellente qualité avec un débit moindre.
L’idée est donc d’analyser chaque film, documentaire et épisode de série pour établir un profil de complexité. En fonction de ce profil, Netflix va choisir un débit différent, adapté au fichier. Et dans tous les cas, le nouveau fichier sera plus léger et de meilleure qualité à l’arrivée. Mais il va falloir d’abord encoder à nouveau tout le catalogue, ce qui n’est pas une mince affaire.
Netflix exploite déjà les serveurs d’Amazon pour distribuer les vidéos et ces mêmes serveurs seront aussi exploités pour l’encodage. Dès qu’ils ne travaillent plus, pendant la nuit par exemple, ils seront sollicités pour convertir à nouveau chaque fichier vidéo. Si tout va bien, le processus sera terminé au premier trimestre 2016… mais il sera alors peut-être temps de tout recommencer à nouveau.
En effet, l’entreprise ne compte pas s’arrêter là. Pour optimiser encore plus la qualité de ses vidéos, tout en réduisant leur poids, Netflix a une autre idée. Ajuster le débit, non seulement en fonction d’un profil généré pour un fichier, mais pour chaque scène. De la sorte, une scène d’action serait encodée avec le meilleur débit possible, tandis qu’une scène calme, comme un plan fixe, serait encodée avec un débit plus faible. Visuellement, on aurait un résultat parfait de bout en bout, mais le fichier serait encore plus léger à l’arrivée.
Source : Variety