Jimmy Iovine est véritablement en mode « PR » ces dernières heures pour promouvoir Apple Music et défendre les choix du service de streaming. Pour Wired, il reprend le discours qu’il a tenu à l’Evening Standard concernant la personnalisation « humaine » des listes de lecture, par rapport aux froids algorithmes utilisés par la concurrence (lire : Jimmy Iovine : « Tout le monde ne peut pas faire ce que nous faisons »). Il loue également les moyens mis par Apple pour développer un service aussi complet que possible, qui permet de faire travailler ensemble des « centaines » de personnes.
De la personnalisation pour la télévision
En dehors des paroles bien marketées et des éléments de langage provenant directement de Cupertino, Iovine dévie un peu en évoquant la stratégie de « curation » du contenu qui pourrait s’appliquer à d’autres médias… comme la télévision. Il voudrait que les services qui distribuent du contenu vidéo soient plus évolués. « Techniquement, [ces services] sont bons », indique-t-il en se réjouissant de voir Netflix produire des émissions originales de qualité. Mais c’est encore loin d’être parfait.
« Nous voulons voir des films. S’asseoir avec sa copine ou un groupe d’amis et voir un film en ligne. Les box n’y aident pas. Vous devez vous débrouiller ». Jusqu’au jour où quelqu’un arrivera à trouver la bonne formule et aidera réellement les consommateurs. « Et [le monde du] divertissement a besoin de ça, il a besoin de vivre et de respirer ». Apple sera-t-elle capable de faire souffler un vent de fraîcheur dans cette industrie comme la rumeur lui en prête l’intention depuis des mois ? Iovine n’en dira pas plus mais on peut penser que le sujet est en discussion à Cupertino.
Marmite dit cul noir à chaudron
Jimmy Iovine s’explique aussi sur les reproches qu’il avait pu faire à Apple concernant la qualité miteuse des écouteurs fournis avec l’iPod. « Une génération entière est déjà perdue, ils ne comprennent pas qu’il y a de la bonne qualité audio ou ce que cela signifie », déplore-t-il. Un discours singulier venant de celui qui a lancé un constructeur de casques, Beats, dont les produits désespèrent les audiophiles et les amateurs de beau son.
« Que vous aimiez les casques Beats ou que vous ne les aimiez pas », rétorque-t-il, « ils sonnent mieux qu’un casque à 1 $, OK ? Et les gens ressentent plus d’émotion ». Cette émotion de la musique, c’est ce qu’il veut offrir aux abonnés d’Apple Music. « Nous voyons des gens qui écoutent de la musique d’une manière très aseptisée, sans émotion. Et c’est aussi dangereux que des casques [de mauvaise qualité] ».
Le chantier Connect
Apple Music, c’est de la musique en streaming évidemment, mais le service se vit aussi comme un lieu d’échanges entre les musiciens et leur public. La section Connect est encore très loin d’avoir trouvé sa place dans le dispositif global, ce d’autant qu’Apple n’a jamais été très fort avec les réseaux sociaux (l’ombre du défunt Ping rôde). Iovine est parfaitement au fait des limites du Connect actuel.
« Nous devons montrer aux artistes la valeur de Connect, et nous allons lentement le prouver. (…) Nous avons de vrais projets » concernant cette fonction. « Nous allons continuer de construire [autour de Connect], cela nécessite beaucoup de travail technique. Mais nous pensons y arriver et ce sera un endroit génial pour que les artistes puissent communiquer avec autant d’indépendance et de liberté qu’ils le souhaitent ».