Scott Borchetta, le patron de Big Machine Records et manager de Taylor Swift depuis ses débuts, a raconté comment s'était déroulée la séquence qui a vu sa protégée interpeller Apple à propos de son service de streaming et obtenir un changement des conditions de paiements des artistes.
Des propos tenus lors de la conférence Brainstorm Tech organisée par Fortune, qui en fait le résumé. Borchetta raconte que les discussions ont d'abord démarré entre Apple et lui. Le contentieux portant sur le non paiement des artistes pendant les trois mois d'essai d'Apple Music. Apple, pour sa part, défendait l'idée de les payer un peu plus que la moyenne ensuite pour compenser ce décalage.
« Je ne peux pas être d'accord avec ça, vous devez nous payer dès la première écoute » a martelé le manager à ses interlocuteurs chez Apple. Des discussions qui ont pris une nouvelle tournure, quelques jours plus tard, lors que son artiste a décidé, de son propre chef, d'interpeller elle-aussi Apple sur la question.
Cette initiative n'était pas concertée, a assuré Scott Borchetta. Il dit avoir découvert avec surprise la publication de cette lettre ouverte : « Elle me l'a appris par SMS en me disant 'Ne te mets pas en colère' et en l'accompagnant du lien » (lire Taylor Swift : si 1989 n'est pas sur Apple Music, c'est à cause des trois mois gratuits).
Le manager a répondu alors à l'artiste, qui était à ce moment là en Europe : « Tu ne peux pas savoir à quel point ton timing est excellent ». La discussion avec Apple a pris une nouvelle tournure dès le lendemain (on était le lundi 22 juin et Apple Music ouvrait le 30, ndlr). Une conférence téléphonique s'est tenue entre Scott Borchetta, Scooter Braun (manager de Justin Bieber) d'un côté et Eddy Cue et Jimmy Iovine de l'autre. Il en est sorti un accord sur le paiement des artistes au premier jour d'écoute de leurs morceaux, même pendant la période gratuite.
« Vous n'avez pas encore lancé le service » a fait valoir à Apple le manager de Taylor Swift « Vous pouvez encore faire les choses comme il faut. Et si vous le faites, la communauté des artistes dans sa globalité vous verra comme les bons dans l'affaire ».
La lettre de Taylor Swift aura été le petit coup de pouce qui a probablement permis de faire avancer Apple sur les tout derniers mètres qui la séparaient de la ligne d'arrivée voulue par de nombreuses maisons de disques indépendantes. « Tout le monde avait pris fait et cause pour cette lutte » a raconté Scooter Braun « Taylor Swift l'a fait basculer de l'autre côté. Elle leur a ouvert les yeux sur le fait que cela ne concernait pas que les responsables des labels. Parfois, c'est une bonne chose d'entendre les artistes le dire aussi ».