Le lancement d’Apple Music ne s’est pas déroulé sans heurts. Si la plupart des fonctions du service de streaming musical ne rencontre pas de soucis particuliers (sauf en cas de panne des serveurs d’Apple, ce qui est arrivé deux fois déjà), le gros point noir reste la bibliothèque iCloud. Cette fonction, à activer dans les réglages d’iOS ou d’iTunes, a deux finalités : permettre à l’utilisateur d’ajouter de la musique provenant d’Apple Music dans sa bibliothèque, et permettre l’écoute de l’intégralité de sa bibliothèque sur n’importe quel appareil.
Ce dernier service ressemble beaucoup à iTunes Match dans son fonctionnement : les morceaux de la bibliothèque de l’abonné sont « envoyés » dans le nuage afin de les faire correspondre avec les morceaux équivalents du catalogue d’Apple Music. Seule différence avec iTunes Match, les titres téléchargés depuis le nuage d’Apple Music sur les appareils « hôte » connectés au même compte iTunes sont bardés de DRM.
Sur le papier, tout devrait fonctionner comme sur des roulettes. Dans la réalité, c’est une toute autre affaire. Pour ceux dont les bibliothèques musicales ne sont pas particulièrement imposantes, le service remplit son office. Mais les utilisateurs qui possèdent un catalogue fort de plusieurs dizaines de milliers de titres, récupérés au fil des ans et organisés aux petits oignons se plaignent de plus en plus ouvertement des bogues pénibles — doublons, morceaux manquants, métadonnées tronquées… Tout cela fait bien mauvais genre, en particulier quand on est un amoureux de musique ayant passé de longues nuits à bichonner sa bibliothèque musicale.
Si les sujets sur les forums d’assistance d’Apple et les plaintes sur les réseaux sociaux n’ont cessé de s’amplifier au fil des retours négatifs, le constructeur fait depuis ce soir face à un problème bien plus sérieux. Jim Dalrymple, créateur de MacCentral, ancien pilier de Macworld et depuis 2009 blogueur pour The Loop, vient tout simplement de déclarer qu’« Apple Music est un cauchemar ». Venant de la plume d’un rédacteur qui en fait souvent trop dans son amour immodéré et inconditionnel de tout ce qui vient d’Apple (lire par exemple Dalrymple Cue-bénit à l'iTunes Festival), l’attaque fait d’autant plus de bruit.
Dalrymple égrène sa liste de litanies : des albums incomplets, des chansons manquantes ou en doublons, des décisions de design incohérentes, des albums ajoutés qui n’apparaissent nulle part, une synchronisation entre appareils qui n’aboutit à rien, plus de 4 700 morceaux purement et simplement perdus dans le nuage… Le pauvre Jim semble avoir été victime de tous les bogues possibles et imaginables. La bibliothèque iCloud n’a pas été tendre avec lui, mais c’est le cas de nombreux autres amateurs de musique.
Sa position privilégiée au sein de la galaxie de blogueurs « amis » d’Apple lui donne accès à des ressources auxquelles le commun des mortels ne peut que rêver. Pourtant, malgré ses contacts à Cupertino, personne n’a été en mesure de l’aider avec ses problèmes. Il a donc décidé d’abandonner purement et simplement Apple Music et de réactiver son ancien abonnement à Spotify. Et de sauvegarder sa bonne vieille bibliothèque iTunes afin d’éviter les mauvaises surprises à l’avenir.
On est très curieux de connaitre la réaction d’Apple suite à ce billet dévastateur. Il a vraiment fallu pousser Dalrymple au bout du bout pour qu’il écrive ainsi du mal d’un service du constructeur. Au delà du problème particulier du blogueur, ce billet illustre une fois de plus la difficulté qu’a Apple à offrir un service dans le nuage performant, transparent et efficace.