C'est au tour des labels indépendants allemands de donner de la voix contre un volet contractuel d'Apple Music, tandis qu'en parallèle un artiste fulmine après une menace de déréférencement agitée par iTunes.
Alors qu'Apple s'est offert rubis sur l'ongle les services de personnalités de la musique comme Jimmy Iovine pour resserrer encore ses liens avec les artistes, elle fait face depuis l'annonce de son service à une fronde d'une partie de l'industrie. Ce n'est pas Apple Music qui est pointé du doigt mais l'une des conditions pour y figurer.
Le patron de VUT, l'association qui représente les indépendants outre-Rhin, s'est étranglé à la lecture du passage dans le contrat qui prévoit qu'aucune royaltie ne sera versée pendant les 3 mois d'essais d'Apple Music [pdf].
Les grandes maisons de disques ont accepté mais les représentants des indépendants freinent des quatre fers et leur refus fait ricochet, pays après pays, alors qu'Apple Music doit ouvrir dans 11 jours. Ces associations s'en sont ému depuis quelques jours aux États-Unis, au Royaume-uni, en Australie et maintenant en Allemagne.
Dans une lettre ouverte, Jörg Heidemann, secrétaire général de VUT, rappelle en préambule que les 1 300 membres de son association produisent 35% de la musique utilisée en Allemagne.
Il s'étonne ensuite que Tim Cook et Eddy Cue aient osé formuler une telle exigence au vu de l'importance d'Apple et de sa connaissance de l'industrie musicale.
Votre entreprise n'est pas une start-up, votre entreprise est la « première société américaine à avoir franchi la barre des 700 milliards de dollars de valorisation boursière » et elle est le plus grand vendeur de musique numérique, de sorte que nous pensons que vous êtes en mesure de payer les indépendants et leurs artistes.
Apple risque de se priver d'un contenu riche et varié si elle poursuit dans cette voie, continue Jörg Heidemann, et de faire d'Apple Music un service en définitive « pas très intéressant » de par son contenu. Il demande à ce que les indépendants soient payés dès le premier jour d'utilisation d'Apple Music, ce qui veut dire au premier jour des trois mois d'écoute gratuite offerts aux utilisateurs. En conclusion il réclame également des explications sur cette « attitude d'Apple » et laisse la porte ouverte aux négociations.
Pas d'Apple Music, pas d'iTunes
Un autre coup de colère est venu d'Anton Newcombe, le leader de Brian Jonestown Massacre. Dans une rafale de tweets rageurs il raconte avoir été contacté par l'équipe iTunes pour proposer sa musique en streaming (un titre peut figurer en vente sur iTunes mais Apple a besoin d'un accord supplémentaire pour qu'il soit sur Apple Music en streaming, ndlr). Il a alors demandé ce qui se passerait s'il refusait, ce à quoi on lui aurait répondu « Nous retirerons votre musique d'iTunes ».
L'artiste ne produit pas d'échange de mail pour appuyer son propos ni ne précise s'il s'agissait d'une conversation téléphonique. Mais la manière de faire, si elle se confirme, est cavalière et particulièrement maladroite de la part de son interlocuteur chez iTunes.