Apple Music, la nouvelle offre de streaming d’Apple, a été le « One more thing » de Tim Cook durant le keynote, preuve de son importance dans la stratégie de contenus de l’entreprise. En plus du streaming musical à proprement parler, le service comprend également un volet « social » à la Ping 2.0, ainsi qu’une radio 24/7, le tout à partir de 9,99$ par mois (et assortie d’une période d’essai gratuite de 3 mois).
L’offre en séduira plus d’un assurément, ce d’autant que tout est intégré à même l’application Musique et adossé à la bibliothèque musicale de l’utilisateur. Une sérieuse concurrence donc pour le reste de cette industrie… Sauf qu’on y joue volontiers la carte de la force tranquille. Plusieurs responsables de services de streaming ont fait savoir à The Verge qu’ils ne redoutaient pas Apple sur leur secteur.
Certes, Apple Music pourrait bien rencontrer le succès. Mais l’impact du service ne devrait pas être le même que celui qu’avait eu l’iTunes Store à ses débuts, estime-t-on. « Je pense que je n’ai jamais été aussi confiant », a déclaré un dirigeant d’un service concurrent. « Nous avions un peu d’appréhension, mais nous nous sentons vraiment bien maintenant », après les annonces d’Apple.
Plus enthousiaste, une source de l’industrie du disque explique que Beats 1, la future radio d’Apple Music, pourrait reproduire le succès connu par Sirius lorsque ce service de radios par internet avait embauché la vedette Howard Stern. Il faut dire que la Pomme s’est assurée quelques voix anglo-saxonnes emblématiques : Ebro Darden qui émettra de New York, Julie Adenuga à Londres et Zane Lowe à Los Angeles. Apple va d’ailleurs bâtir un studio spécifique dans les locaux de Beats à Culver City (Californie) pour accueillir l’ex DJ de la BBC et l’équipe de production de la radio en ligne.
Beats 1 diffusera également des exclusivités qui dureront entre une à deux semaines selon l’artiste et les accords avec sa maison de disques. Malgré cette débauche d’efforts (la radio, diffusée dans 100 pays, sera accessible gratuitement) ne devrait toutefois pas pousser en masse les clients de Spotify, Deezer et d’autres à basculer vers Apple Music. En revanche, un dirigeant anonyme estime que ce bouquet de services va pousser les utilisateurs lambda à basculer vers le modèle payant ; sans oublier la redoutable machine marketing qu’Apple va mettre en place pour lancer et promouvoir sa nouvelle offre.
Si le constructeur de Cupertino a fait des pieds et des mains pour convaincre l’industrie musicale qu’Apple Music s’éloignait du modèle freemium au cœur de Spotify, les maisons de disques ne sont pas dupes : « Ils ont essayé de faire autre chose, mais ce qu’[Apple] voulait, c’était le modèle freemium », énonce une source. En plus des trois mois d’écoute gratuite, Beats 1 ainsi que les stations d’iTunes Radio restent ainsi toujours disponibles.
Le pari des 100 millions d’abonnés (payants) semble toutefois très difficile à réussir, à moins qu’Apple n’ait fixé cet objectif sur le très long terme. Ce d’autant que le catalogue proposé au streaming n’est pas aussi complet qu’Apple voudrait qu’on le croit : la discographie des Beatles pointe ainsi aux abonnés absents, faute d’un accord avec le label des garçons dans le vent, Apple Corp. En revanche, Taylor Swift sera bel et bien de la partie alors que la chanteuse a déserté Spotify…
Mise à jour — Comme un pied de nez, Rdio souhaite la bienvenue à Apple, dans un message posté sur Twitter… dont la forme rappelle évidemment le message adressé par Apple à IBM lorsque ce dernier s’est lancé sur le marché du PC.