Apple a toujours cherché à protéger ses innovations par des brevets très nombreux et précis. Cela n'a rien de choquant et se révèle vite indispensable dans une société marquée par la culture du procès comme peut l'être la société américaine. Mais parfois, les réactions de l'entreprise à la pomme semblent un peu démesurées.
Ainsi, cet exemple récent, mais globalement passé sous silence avec la base de données des iPod touch et iPhone. Tous les iPod, depuis le début, ne peuvent pas être gérés comme un simple disque dur et nécessitent absolument de passer par iTunes. Ce choix n'est pas seulement stratégique — Apple ayant créé par ce biais un écosystème très rentable — mais aussi technique.
En effet, l'iPod ne sait quasiment rien gérer de manière autonome : sans iTunes, c'est une sorte de boite vide sans grand intérêt. Le logiciel ne se contente pas de remplir de musique un iPod, mais fournit aussi à ce dernier toutes les informations nécessaires à son bon fonctionnement : emplacements des morceaux et des pochettes, informations sur les morceaux (titre, artiste, année, etc.), durée des morceaux (ce qui permet une lecture "gapless", c'est-à-dire sans trou entre chaque morceau), mais aussi niveau des morceaux pour l'option égaliseur de volume. L'iPod interprète ces informations, mais ne les crée pas lui-même : cela a toujours été le choix d'Apple quand d'autres constructeurs, Archos par exemple, privilégient l'autonomie de leurs lecteurs MP3 qui créent eux-mêmes leur base de données.
Sur les iPod, toutes ces informations sont stockées dans un fichier (iTunesDB) qui est une version simplifiée de la base de données présente dans iTunes. Ce fichier est indispensable pour lire de la musique ou des vidéos sur un iPod et Apple cherche à le protéger. Longtemps, les solutions alternatives permettant la synchronisation par iTunes étaient nombreuses et relativement simples à mettre en œuvre puisque l'entreprise à la pomme ne cherchait pas à spécialement protéger ce fichier.
Exemple de logiciel alternatif de transfert (cliquez pour accéder au site)
Pour l'iPod classic, une protection avait été mise en place et très rapidement déjouée. Avec les iPod touch et les iPhone, Apple a changé de politique : non seulement le fichier iTunesDB est maintenant très bien protégé, mais Apple fait tout pour qu'il le reste. Si aucune solution n'a émergé pour remplacer iTunes avec ces appareils, preuve que la protection est efficace, certains y travaillaient et étaient sans doute un peu trop proches du succès pour décider Apple à intervenir.
iPodhash est un projet qui cherchait, par une "rétro-ingénierie" (reverse engineering en anglais), à casser la protection de ce fichier. Le site a reçu une demande officielle de la part des avocats d'Apple pour supprimer tout ce qui concerne cette rétro-ingénierie qui, selon l'entreprise, revient à tenter de casser la protection FairPlay, le système de DRM utilisé sur l'iTunes Store. Il semblerait que la protection utilisée pour protéger ce fichier soit la même que celle utilisée pour protéger la musique ou les vidéos.
L'affaire est encore assez obscure sur les droits des deux parties et le site iPodHash espère s'en sortir en déterminant si son action est effectivement illégale ou non. En attendant d'y voir un peu plus clair, on peut se demander pourquoi Apple se donne tant de mal. Certes, on comprend bien que l'entreprise cherche à protéger son écosystème et à faire un exemple, mais les possesseurs d'iPod qui n'utilisent pas iTunes sont-ils si nombreux qu'ils représenteraient un danger ? Après tout, si on achète un iPod, c'est pour l'utiliser avec iTunes et si on ne veut pas utiliser iTunes, pourquoi utiliser un iPod ? N'y a t-il pas plus à perdre à vouloir ainsi empêcher un nombre restreint d'utilisateurs de s'éloigner du modèle économique imposé ?
Cet exemple est en tout cas significatif d'une volonté toujours plus marquée de la pomme de protéger ses produits. Ces derniers temps, les mesures de protection semblent, en effet, s'être multipliées pour les iPhone et iPod touch (lire : Coup dur pour le jailbreak et Ne pas faire la mise à jour iPhone OS 2.2 ?).
Via ArsTechnica