Pendant longtemps, l'iPod touch a représenté le seul moyen de tester et de manipuler la fameuse interface tactile mise au point par Apple. L'iPhone du constructeur de Cupertino a en effet mis un certain temps avant d'être largement disponible un peu partout dans le monde. Alors que le premier iPhone a été lancé en juin 2007 aux États-Unis, il a fallu attendre le mois de novembre pour le voir en France, et encore, uniquement chez Orange.
En attendant, l'iPod touch a constitué une alternative de premier choix (la seule, en fait) pour apprécier cette fameuse interface multitouch qui allait faire la joie des utilisateurs — et la fortune d'Apple depuis. On fêtera l'année prochaine les dix ans de l'iPhone, pour lequel nous ouvrirons d'ailleurs une nouvelle timeline. Ce ne sera pas le seul anniversaire d'importance que la Pomme fêtera, 2007 représentant une année charnière pour le constructeur : outre le smartphone, il lançait aussi l'Apple TV et l'iPod touch, donc.
L'Apple TV, dans ses différents changements de modèles, en est resté au stade de hobby même si la quatrième génération montre de sérieuses prédispositions pour se transformer en hub centralisé pour tous les divertissements au sein du foyer. À confirmer donc. Mais si le boîtier TV a encore un bel avenir devant lui si Apple voulait bien lui en donner les moyens, on se montrera plus circonspect concernant l'iPod touch.
Cette réflexion nous est venue un peu par hasard lorsque nous consultions un jour de forte audience les chiffres de fréquentation de notre application. Alors que le nombre de sessions pour l’iPhone et l’iPad se comptabilisaient en dizaine de milliers, le baladeur polyvalent d’Apple en totalisait… 24 ! Autant dire que plus personne parmi vous n'utilise le baladeur tactile.
Dans un premier temps, l’iPod touch a rapidement trouvé son marché. En 2013, Apple se félicitait même d’en avoir écoulé 100 millions. À l’époque, c’était l’iPod le plus populaire. Il représentait alors un peu moins de 20% des appareils iOS vendus (plus de 500 millions) et 38% des iPod en général.
Désormais, alors qu’Apple écoule au grand minimum 40 millions d’iPhone par trimestre, les chiffres de vente des iPod ne sont même plus communiqués tant ils ne représentent plus grand-chose. D’un point de vue comptable, l’iPod est noyé dans la catégorie autres produits qui contient également l’Apple Watch, les casques Beats et l’Apple TV.
Le problème existentiel de l’iPod touch n’est pas nouveau. Les niches qu’il occupait face à l’iPhone se sont réduites comme peau de chagrin. Le baladeur polyvalent d’Apple connaissait il n’y a pas si longtemps un succès certain auprès des collégiens et des lycéens. Il faisait office de console de jeu, de terminal Internet et de baladeur.
Le souci, c’est qu’entre temps, les prix des forfaits et des smartphones ont beaucoup baissé. Le smartphone s’est généralisé à toute allure dans les collèges et lycées. Et l’adolescent est comme tout le monde, quitte à choisir, il désire avant tout un iPhone comme le montre cette enquête réalisée auprès de 10 000 jeunes outre-Atlantique.
L’iPod touch connaissait un certain succès chez les professionnels comme terminal mobile à tout faire : pratique pour prendre les commandes au restaurant, successeur désigné de l’audioguide dans les musées, outil de bêta-test pour les développeurs…
Mais là encore, l’iPod touch a rapidement perdu son avantage. Il a dû faire face à la généralisation des smartphones, à la concurrence dans certains cas des tablettes et plus généralement à la baisse des prix.
On n’est pas loin de penser que la carrière de l’iPod touch touche à sa fin. Sa mission comme nous l’expliquions plus haut était d’accompagner la révolution iPhone. Dix ans plus tard, la transition est plus qu’achevée et l’iPod touch, à de rares exceptions, ne présente plus d’intérêt.
Ce déclin de l’iPod touch, on le constate également dans le rythme des mises à jour. Au début, il était calqué sur celui des iPhone. Désormais, Apple ne le renouvelle au mieux que tous les deux ans. Cela commence d’ailleurs à se sentir. L’iPod touch actuel embarque un processeur A8 (lire notre test). Seul l’iPad mini 2 est moins bien équipé avec une puce A7. Le baladeur lancé en 2015 connaitra-t-il un successeur ?
Voie de garage
Si on ne donne pas cher de l'iPod touch, plus généralement, la famille d'iPod a-t-elle un avenir ? En 2012, dans un dernier effort pour promouvoir sa « nouvelle » gamme de baladeurs, Apple se fendait d'une publicité colorée et bondissante (ci-dessous). Mais depuis, plus rien. L'onglet "iPod" a disparu de la barre des menus du site d'Apple, et a laissé sa place à "Music" — où il est d'ailleurs bien difficile de trouver les pages dédiées aux baladeurs.
On ne donne pas cher de l'iPod, complètement passé de mode sous l'effet du tsunami iPhone. Il reste pourtant un espace pour des produits uniquement audio, et même deux : l'iPod shuffle continue d'être utilisé dans les salles de gym et sur les routes pour les sportifs qui ne veulent pas s'encombrer d'un gros smartphone. Et Apple pourrait se lancer à l'assaut du marché de niche (mais rémunérateur) des audiophiles avec le retour de l'iPod classic, doté d'une sortie audio premium et d'un gros espace de stockage. La Pomme n'en prend pas le chemin.
Et puis il y a l'Apple Watch, dans lequel on peut stocker jusqu'à 2 Go de musique. En y ajoutant des AirPods ou un casque Bluetooth, on obtient un baladeur tout à fait capable (mais Apple doit améliorer le transfert des chansons, beaucoup trop long et contraignant à l'heure actuelle).