Il y a exactement 8 ans, Apple annonçait qu’elle allait payer 100 millions de dollars à Creative Technology pour obtenir une licence sur un brevet qui menaçait ses iPod et son futur iPhone. L’épilogue amer, pour Steve Jobs, d’une salve d'attaques en justice déclenchées quelques mois plus tôt par Creative.
Cette invention vient d’être invalidée par un juge de l’office américain des brevets qui l’a estimée trop abstraite pour être protégée.
Le brevet de Creative définit une méthode pour présenter et naviguer au sein d’informations classées hiérarchiquement (musique, artistes, album, genres, etc). Une organisation qui a fait le succès de l’interface des baladeurs d’Apple mais dont Creative s’était servi avant l’arrivée de l’iPod, sur ses propres baladeurs Zen.
Apple avait perfectionné la chose grâce à sa petite roue “magique” qui transformait radicalement l’expérience utilisateur, comparé aux appareils de son concurrent où l’on pressait des boutons. Mais à la base, il y avait l’invention de ce concurrent.
L’un des créateurs de l’iPod, Tony Fadell, a réagi à cette décision en estimant qu’Apple avait fait le bon choix à l’époque en acceptant de régler le contentieux par un gros chèque. La Pomme était encore en pleine reconstruction et il valait mieux enlever ce caillou de sa chaussure plutôt que prendre le risque de briser son élan.
En 2006, la locomotive iPod roulait à pleine vitesse et Apple s’apprêtait à lancer la seconde révision de son très populaire iPod nano. Surtout, l’iPhone qui utilisait aussi ce système allait arriver un an plus tard. C’est dire l’épée de Damoclès qui était suspendue au dessus de l’avenir d’Apple.
Mais il faut croire que même en 2006 le bien fondé de l’attribution de ce brevet faisait débat. Lorsque l’accord a été annoncé, Steve Jobs déclarait que son concurrent avait eu « beaucoup de chance ». Huit ans plus tard, les faits lui ont donné raison. Cette décision peut être toutefois retoquée en appel par un comité de juges.
Breveter tout et tout le temps
Il y a quatre ans, le New York Times racontait que cet épisode avait convaincu Jobs de mener une politique très volontariste dans la protection de la propriété intellectuelle d’Apple (lire Brevets : anecdotes autour d’Apple) :
« Sa position [Steve Jobs] était que si quelqu’un chez Apple pouvait rêver de quelque chose, alors nous devions faire une demande de brevet, parce que même si nous n’allions jamais le réaliser, c’était un outil de défense ». Dès lors, sur un rythme mensuel, les ingénieurs d’Apple venaient présenter leurs inventions et idées à des avocats spécialisés en propriété intellectuelle.
Lors de la présentation de l’iPhone, Jobs déclara précisément que son téléphone avait été l’objet de toutes les attentions quant à la protection de ses innovations. On a vu par la suite avec Samsung à quel point le sujet était devenu une préoccupation majeure.
Source : Law360 via AppleInsider