Apple est de nouveau suspectée d'avoir redimensionné la photo d'un appareil de Samsung dans l'une de ses plaintes afin d'en rapprocher la taille de son propre modèle. Après la Galaxy Tab, dont les proportions avaient été réajustées dans un document soumis auprès de la cour allemande de Düsseldorf (lire Justice : un répit chez Samsung, une attaque chez HTC) c'est cette fois devant une cour des Pays-Bas, et dans un dossier comparant le Galaxy S et l'iPhone 3G. Comme le montrent les photos des deux produits, le Galaxy S1 est légèrement plus haut que le 3G.
Dans le document soumis par les avocats d'Apple, le format du Samsung a été en revanche ramené à la hauteur de l'iPhone. Le document en question ne pouvant être consulté qu'au tribunal de La Haye, le site webwereld qui a fait ce constat, s'est attaché à reproduire avec le visuel ci-dessous ce qu'il avait pu observer sur place. Le site ajoute que dans la plainte, une légende accompagne l'image et qu'elle précise que parmi les différences entre les deux modèles, il faut par exemple compter avec une largeur légèrement plus importante pour le Samsung.
Autre précision, le document contient plusieurs photographies du Samsung sous toutes les coutures, que le site n'a pu consulter. Mais la plainte en elle-même ne contient que ce seul visuel avec les deux produits ensemble.
Les avis sont partagés quant aux conséquences de ces manipulations graphiques. Un expert en propriété intellectuelle interrogé par webwereld se dit stupéfait de voir ce cas se présenter à deux reprises, avec ce que cela peut impliquer pour la crédibilité d'Apple. S'il ne voit pas nécessairement malice derrière ces actions, reste qu'Apple et ses avocats vont devoir s'expliquer selon lui.
Autre spécialiste de ces dossiers, Florian Mueller, formulait quelques hypothèses chez Ars Technica. Il explique par exemple qu'aux Pays-Bas, le dossier d'Apple pour l'iPhone 3G contient plusieurs brevets, sans rapports aucun avec ces questions de dimensions. Apple a également écrit dans sa plainte que les deux appareils n'avaient pas les mêmes dimensions. Enfin, plus que la taille, ce sont aussi les formes qui sont appréciées. Par conséquent, même si ce point est gênant, il ne sera peut-être pas déterminant au bout du compte.
Dans le cas de la tablette Galaxy Tab qui avait été redimensionnée, les points mis en avant par les avocats portent sur “l'apparence générale”, les formes, le cadre métallique, les coins arrondis, la surface de l'écran parfaitement plane, etc. À aucun moment il n'est fait état dans cette énumération des tailles respectives. Ce qui n'excuse pas pour autant la déformation de la Samsung.
Sur ce dossier allemand, Mueller estime que les avocats d'Apple pourraient se faire taper sur les doigts, sans que cela n'aille beaucoup plus loin. BBC News, à l'époque où un référé avait été obtenu par Apple pour stopper la vente de la tablette en Europe, avait laissé entendre que le juge s'était appuyé sur une comparaison physique des deux produits, en les manipulant, plutôt que de se contenter des pièces écrites des deux parties.
L'issue dans les deux dossiers reste donc assez floue. Mais la raison pour laquelle les avocats d'Apple ont jugé utile d'ajuster ces images est néanmoins maladroite et incompréhensible. D'autant qu'il est difficile, même pour un non-spécialiste, de nier l'évidente ressemblance entre les appareils, en particulier les deux téléphones, et ce jusque dans leur interface (galerie). Apple n'avait pas besoin de forcer encore le trait pour appuyer son dossier. La cour allemande de Düsseldorf doit se prononcer sur les tablettes le 25 août. Ce sera en septembre pour les téléphones aux Pays-Bas.
