La conférence Google I/O qui se tient du 15 au 17 mai ne devrait pas dérouler le tapis rouge à de multiples annonces de nouveaux matériels et versions d'OS. Sundar Pichai, qui dirige le développement d'Android depuis mars, l'a expliqué dans une interview à Wired :
« Ce sera différent [cette année]. Ce n'est pas une période où l'on a beaucoup de choses pour tout ce qui est lancement de nouveaux produits ou nouveaux systèmes d'exploitation. Que ce soit sur Chrome OS et Android, nous allons centrer cette I/O sur tout ce que nous faisons pour les développeurs, pour qu'ils puissent écrire des choses encore meilleures. Nous allons montrer les choses incroyables que peuvent faire les services de Google sur les deux plateformes. »Parmi les nouveautés proposées aux développeurs, il y aura certainement les évolutions autour du jeu révélées ces derniers jours (lire Le Game Center d'Android se dévoile). Plusieurs autres sujets ont été abordés durant cet entretien. Sundar Pichai réitère qu'il n'est pas prévu à court terme de fusionner Android et Chrome OS. Toutefois, il ne ferme pas la porte à ce scénario sur le plus long terme, en fonction de la manière dont l'industrie informatique et les usages évolueront. Quant à la confusion que la coexistence de ces deux systèmes peut susciter auprès des utilisateurs et développeurs, Pichai tempère :
« Les gens s'intéressent aux applications et aux services qu'ils utilisent, pas aux systèmes d'exploitation. Il y a très peu de monde qui vous dira « Hé, comment se fait-il que les MacBook sont sur Mac OS X et les iPhone et l'iPad sont sur iOS ? Pourquoi font-ils ça ? Ils voient Apple à travers iTunes, iCloud, iPhoto. Les développeurs appartiennent aussi à ce profil d'utilisateurs. Ils ne veulent écrire une application qu'une seule fois mais ils veulent aussi avoir le choix »Le développement en parallèle de ces deux OS - qui double les coûts - se croise cependant de temps à autre. La partie liée au navigateur web fait partie d'un tronc commun, beaucoup de choses sont partagées et cela va en augmentant. L'arrivée de Facebook Home est toujours observée d'un oeil positif. Google n'entend pas bloquer le fonctionnement d'un tel launcher. Ce qui ne veut pas dire que Facebook ne rencontrera pas quelques obstacles techniques au fil des évolutions d'Android pour continuer de faire fonctionner Home.
« Nous devons proposer une expérience cohérente. Dans ce cadre-là, avec chaque nouvelle version d'Android, nous apportons des changements. On en fait au fil de du temps. Mais si c'est ce que les utilisateurs veulent [Facebook Home sur leur téléphone, lire aussi Facebook Home le mal noté], je pense que Facebook sera capable de le faire. Nous voulons que les utilisateurs aient ce qu'ils veulent. »De manière plus générale, Sundar Pichai dit ne pas se préoccuper outre mesure d'un Facebook Home ou de la personnalisation plus poussée encore faite sur les Kindle « Selon les termes de la licence, Amazon peut le faire ». Google préfèrerait que tout le monde travaille sur une seule version d'Android, mais il n'empêche par les efforts qui vont dans un autre sens. Google est davantage intéressé par des problématiques plus importantes :
« L'informatique est en train de connaître une explosion comme on n'en voit qu'une seule fois dans sa vie. Notre opportunité est de faire en sorte que cela marche bien pour les gens et que cela règle des problèmes importants qui les concernent. Par exemple, vous allez voir de l'informatique qui peut, potentiellement, vous prévenir avant que vous n'ayez une crise cardiaque. »À nouveau, le cadre dirigeant de Google réfute les rumeurs de mésentente entre Google et Samsung alors que le second occupe un poids considérable dans l'univers Android (Pichai a sorti son Galaxy S4 comme preuve de sa bonne foi). Un parallèle est dressé entre ce couple et celui formé par Intel et Microsoft « Ils étaient très dépendants l'un de l'autre, mais cela leur a profité à tous les deux. Lorsque j'observe la direction que doit prendre l'informatique, nous avons besoin d'innovation dans les écrans, dans les batteries. Samsung est le leader mondial dans ces technologies ». Autre point de comparaison, lorsqu'on lui fait remarquer qu'Android fait vendre plus de terminaux qu'iOS mais qu'Apple dégage des revenus supérieurs de sa plateforme. Sundar Pichai répond en soulignant les autres avantages du mode de fonctionnement de Google :
« Nous sommes très à l'aise avec notre business model. Tous nos principaux services - Recherche, YouTube, Maps, etc - sont utilisés sur les téléphones, et Android aide les gens à s'en servir. Dès lors, fondamentalement, il y a un business model. Et des services comme Google Play sont de toute évidence une source de revenus. En 2012 les reversements aux développeurs ont quadruplé. Cela ne fait que commencer. Je pense que nous en sommes à peine au tout premier stade d'un bouleversement dans l'informatique. Pensez à l'éducation et à l'entreprise - des opportunités incroyables. »- L'interview complète de Sundar Pichai sur Wired