L'artiste allemand Johannes Osterhoff s'intéresse depuis plusieurs années à la question des traces numériques : plutôt que d'enregistrer de manière systématique son activité en ligne, il s'intéresse à des épiphénomènes. Il est ainsi à la frontière entre l'anecdote et la recherche scientifique, par le biais de « performances » annuelles : il a enregistré toutes ses requêtes Google pendant un an, et va désormais capturer l'écran de son iPhone à chaque fois qu'il appuie sur le bouton d'accueil pendant un an.
À cet effet, son iPhone est jailbreaké, et deux scripts s'exécutent en arrière-plan. iOS prend une capture d'écran à chaque fois qu'une application est fermée : il l'affiche brièvement au lancement suivant de l'application pour donner la sensation qu'elle est déjà lancée et que le système est totalement fluide. Le premier script duplique donc ces captures, pour éviter qu'elles ne soient écrasées. Le deuxième, quant à lui, les met en ligne automatiquement sur le site iPhone live.
Ce projet, qui a démarré le 29 juin 2012 et se terminera donc le 29 juin 2013, possède quand même quelques limites. Ce genre de démarche pose toujours la question de l'adaptation du comportement du sujet aux conditions de l'expérience : le Johannes Osterhoff qui publie des captures de son iPhone n'aura jamais tout à fait le même comportement du Johannes Osterhoff « normal ». On constate déjà que la mise en ligne n'est pas instantanée, et que l'artiste intervient parfois dans le processus en masquant certaines informations — une décision pragmatique, mais qui tempère quelque peu la démarche artistique.
[Via The Verge]
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