Actuellement, l'iPhone 4 est décliné en deux modèles, un distribué dans le monde entier ou presque et compatible avec les réseaux GSM et 3G, et un deuxième distribué aux États-Unis uniquement et compatible avec le réseau CDMA de l'opérateur Verizon. Une petite phrase de Fran Shammo, directeur financier de cet opérateur, a mis la puce à l'oreille de certains observateurs : en sous-entendant que le prochain iPhone serait un « global phone », il a laissé flotter l'hypothèse d'un modèle unique d'iPhone 5.
La puce réseau Qualcomm MDM6600 de l'iPhone 4 CDMA
L'iPhone 4 « normal » est compatible avec les réseaux suivant la norme 3GPP, qui utilisent tous une carte SIM comme méthode d'authentification. Il est donc compatible avec les réseaux européens ou le réseau américain de AT&T. Les réseaux 2G et 3G étant incompatibles, l'iPhone utilise la Intel X-Gold 618, une puce hybride qui supporte d'une part les réseaux 2G (GSM, GPRS et EDGE) sur quatre bandes (850, 900, 1800, 1900 MHz), d'autre part les réseaux 3G (UMTS, HSDPA, HSUPA) sur cinq bandes (800, 850, 900, 1900, 2100 MHz — Apple ne communique pas sur le support de la bande 800 MHz, utilisée au Japon). L'iPhone 4 est d'ailleurs un des rares smartphones à être pentabande 3G, avec les modèles Nokia les plus récents. Il ne lui manque qu'une seule bande pour être véritablement passe-partout, celle des 1700 MHz utilisée par T-Mobile aux États unis ou Videotron au Canada.
L'iPhone 4 « Verizon » est compatible avec les réseaux CDMA suivant la norme Qualcomm, qui n'utilisent pas de carte SIM, mais un lien propriétaire dans le téléphone lui-même. Il est compatible avec les deux bandes CDMA Ev-DO Rev. A utilisées par Verizon aux États-Unis, 800 et 1900 MHz.
Perdu dans toutes ses normes ? Normal. Ce tableau devrait vous aider à y voir plus clair (cliquez pour agrandir).
Lorsque les abonnés AT&T voyagent à l'étranger (en Europe par exemple) et sous réserve que l'option « International » soit activée, ils peuvent parfaitement envoyer et recevoir appels et SMS avec leur carte SIM AT&T. L'iPhone reconnaît en effet parfaitement les réseaux 2G européens, et AT&T a passé des accords avec nos opérateurs pour qu'ils routent les appels. L'iPhone reconnaît tout aussi bien nos réseaux 3G, mais l'utilisation des données à l'étranger est en général très coûteuse. Si l'iPhone est désimlocké, rien n'empêche cependant un Américain voyageur de remplacer sa carte SIM AT&T par une carte SIM locale pour utiliser son iPhone à moindre coût.
Pour un abonné Verizon, les choses sont un peu plus complexes : son iPhone est lié au réseau Verizon par un lien propriétaire permanent, il ne peut donc utiliser un autre réseau CDMA ; de plus, il est techniquement incompatible avec les réseaux GSM/UMTS qui sont les plus utilisés dans le monde. En effet, bien que la puce Qualcomm MDM6600 utilisée par l'iPhone 4 CDMA soit une puce hybride capable de se connecter aussi bien aux réseaux CDMA qu'aux réseaux GSM/UMTS, Apple a préféré n'activer que les fonctions CDMA, a priori pour des raisons d'antennes.
Le plus gros défi de la conception d'un iPhone 5 unique est en effet de réussir à supporter l'intégralité des bandes actuellement disponibles, soit quatre bandes 2G, cinq bandes 3G, et au moins deux bandes CDMA (mais il en faudrait au moins deux de plus si Apple espère vendre son iPhone CDMA en Asie). Si l'iPhone 5 est bien dérivé de l'iPhone 4, alors la conception d'un tel téléphone se révèle quasiment impossible avec le système actuel d'antennes externes — à moins de faire des « compromis » auxquels Tim Cook se refuse. Heureusement, tout le monde se rejoindra avec la 4G LTE, qui devrait simplifier les choses…
Le smartphone le plus proche de cette universalité est le Droid 2 Global de Motorola, qui utilise lui aussi la puce Qualcomm MDM6600. Il fonctionne sur le réseau CDMA de Verizon (800 et 1900 MHz), mais aussi sur les réseaux GSM/UMTS européens : il embarque certes un logement SIM, mais ne supporte alors que trois bandes 3G (850, 1900 et 2100 MHz), excluant de faire les réseaux américains. On imagine mal Apple concevoir un modèle unique qui se priverait de la moitié du monde, alors que l'on comprend bien pourquoi Motorola a intérêt à le faire (le Droid 2 est vendu par Verizon, qui n'a aucun intérêt à ce qu'il puisse être compatible avec le réseau de son adversaire AT&T).
Le Droid 2 Global
Bref, il est très probable que l'iPhone 5 soit toujours décliné en deux modèles, à moins qu'Apple ne réussisse à résoudre la quadrature du cercle. L'iPad 2 est certainement la meilleure confirmation de cette hypothèse : il est décliné en un modèle GSM/UMTS, et en un modèle CDMA. On se risque par contre à lancer une bouteille à la mer en pariant qu'Apple utilisera uniquement le chipset Qualcomm MDM6600 sur les deux modèles, puisque cette puce est compatible avec l'intégralité des bandes GSM/UMTS et CDMA actuellement utilisées par Apple.
Sur le modèle CDMA, les bandes GSM/UMTS utiles en Europe seront activées et il y aura un logement SIM (comme sur le Droid Global — cet iPhone 5 sera donc un « global phone »), alors que sur le modèle UMTS, les bandes CDMA seront désactivées. De cette manière, Apple pourra jouer la carte des économies d'échelle en n'utilisant qu'un seul fournisseur et en réduisant encore un peu plus les différences matérielles entre les deux modèles d'iPhone.