C’est incontestablement l’information du week-end. Le JDD révèle que Free et Bouygues sont parvenus dans la nuit de vendredi à samedi à un accord en cas d’acquisition de SFR par Bouygues : le nouvel entrant achètera le réseau de son ennemi numéro un pour un montant pouvant aller jusqu’à 1,8 milliard d’euros. Cet accord comprend, selon Olivier Roussat, le PDG de Bouygues Telecom, 15 000 antennes et un porte-feuille de fréquences pour la 4G. On imagine que l’accord inclut soit l’accès à la bande des 800 MHz soit à celle des 1800 MHz pour Free Mobile.
Free Mobile fait l’affaire du siècle : 1,8 milliard d’euros, c’est ce que lui coûte sur trois ans environ la location du réseau d’Orange. Le nouvel entrant aura si l’accord est finalisé un réseau digne de ce nom à moindres frais. La filiale d’Iliad apparaît d’ores et déjà comme le grand gagnant dans la concentration des télécoms. Le futur numéro 3 de la téléphonie mobile devrait annoncer demain qu’il possède 8 millions d’abonnés. Cela devrait lui permettre de croître encore plus vite et d’améliorer ses marges. Avec un tel scénario, on envisage chez Free Mobile la fin de l'itinérance dès 2016.
Il est à noter que les négociations ont eu lieu sans Xavier Niel et sans Martin Bouygues. Les deux hommes n’entretiennent pas de bonnes relations. Elles ont eu lieu avec leur consentement et ont été menées par Maxime Lombardini pour Free Mobile et Olivier Roussat pour Bouygues Telecom.
La transition des réseaux doit intervenir en 2015 si Bouygues parvient à obtenir les faveurs de SFR et si l’autorité de la concurrence donne son feu vert. De son côté, Maxime Lombardini annonce la couleur : « On n’est pas là pour faire le Yalta des télécoms. Au contraire, ce sera plutôt la guerre de Cent Ans » .
Reste une question qui a été un peu vite balayée : est-ce que cet accord met définitivement hors-jeu Numericable qui s’est également porté candidat pour acquérir SFR ? D’un point de vue industriel, un rapprochement SFR/Numericable aurait plus de sens que celui de SFR/Bouygues, mais il ne semble pas avoir les faveurs de l’État.