Masayoshi Son, le fondateur et patron de l'opérateur japonais SoftBank, a expliqué comment son entreprise avait pu être servie en premier en iPhone dans l'archipel, alors qu'elle n'était que le troisième acteur du marché.
« Si je veux entrer sur le marché du mobile, j'ai besoin d'une arme. Qui peut créer la meilleure arme au monde ? Il y a seulement une personne. Steve Jobs », raconte Masayoshi Son dans une interview donnée à Bloomberg. Le self-made man nippon voue une véritable admiration au cofondateur d'Apple, qu'il compare sans hésiter à Léonard de Vinci, pour sa capacité créative et son avant-gardisme.
Deux ans avant la présentation de l'iPhone, Masayoshi Son est allé voir Steve Jobs en lui apportant un « petit dessin représentant un iPod avec des fonctions de téléphone ». « Je lui ai donné mon croquis, et Steve a dit "Masa, ne me donne pas ton schéma, j'ai les miens !" »
Et le patron de SoftBank de répliquer alors « Je n'ai pas besoin de te donner mes gribouillages, mais quand tu as ton produit, donne le moi pour le Japon. » Sur quoi, Steve Jobs a répondu « Masa tu es fou. Nous n'en avons parlé à personne, mais tu es le premier à venir me voir. Je te le donne. »
Parti sur sa lancée, Masayoshi Son a voulu faire signer Steve Jobs le jour même, alors qu'il n'avait pas encore acquis Vodafone Japon et qu'il n'était donc toujours pas présent sur le marché du mobile. Le patron d'Apple ne signa pas de contrat lors de cette rencontre, mais il respecta sa promesse en livrant l'iPhone en 2008 exclusivement à SoftBank, qui en garda l'exclusivité jusqu'en 2011.
Le PDG de SoftBank avait par ailleurs fait un pari très risqué en misant sur l'iPhone. D'une part il ne savait même pas à quoi ressemblerait cet appareil, d'autre part le marché japonais est réputé difficilement accessible aux entreprises étrangères, spécialement dans le secteur des nouvelles technologies où les marques locales sont des institutions (Sony, Sharp, Panasonic...) et où les technologies largement utilisées sont parfois spécifiques (par exemple FeliCa pour le paiement sans contact).
« Avant l'iPhone, la plupart des téléphones étaient médiocres », juge Masayoshi Son qui souligne l'absence d'applications et les systèmes d'exploitations très basiques. « [L'iPhone] n'est pas un téléphone mobile, c'est un terminal Internet. [Steve Jobs] était la seule personne qui pouvait créer un appareil avec un système d'exploitation approprié». Un pari qui a payé, puisque l'iPhone rencontre un succès insolent au Japon, où il écrase littéralement la concurrence.