Depuis maintenant quelques semaines/mois, tous les opérateurs mobiles du marché ont lancé leurs offres 4G. Censés révolutionner le marché, les résultats semblent bien moins éclatants que prévu.
Un million. C'est le nombre respectif d'abonnés que SFR, Orange et Bouygues Télécom ont converti à la 4G. Dans La Tribune.fr, l'analyste Alexandre Latrides déclare :
« La 4G est un succès, mais il est relatif : ces chiffres étaient prévisibles, mathématiquement, compte tenu des renouvellements naturels de terminaux. La 4G aurait été un vrai succès si elle avait véritablement modifié les dynamiques commerciales et donné aux opérateurs un « pricing power.»
Chacun voit midi à sa porte et a une interprétation très personnelle des premiers mois d’exploitation de la 4G. Chez Bouygues, on affirme que le cap du million d’abonnés a été franchi grâce à l’arrivée de la 4G chez B&You qui a boosté les ventes. Toutefois, l’heure est à l’optimisme. Un dirigeant de Bouygues affirme « Nous réalisons le décollage le plus rapide d'Europe, en termes de taux de transformation du parc d'un opérateur en 4G », une performance qui sera intéressante si et seulement si le numéro trois de la téléphonie mobile parvient à monétiser son réseau.
Du côté de SFR, Frank Cadoret se félicite estimant qu’il n’y a pas eu « le raz-de-marée espéré chez Bouygues Telecom ». Un avis partagé par un autre concurrent parlant sous le couvert de l’anonymat. Un expert rapporte pour sa part en privé que Free fanfaronne estimant « qu'il a 8 millions de clients 4G, puisqu'elle est comprise dans tous ses forfaits ».
Quoi qu’en disent les opérateurs, la 4G accuse un démarrage difficile. Eux qui espéraient avec la 4G faire repartir à la hausse l’ARPU voient la guerre se déplacer encore et toujours sur le plan tarifaire (lire : La 4G en France : vrai succès ou démarrage en demi-teinte ?). Pour le plus grand bonheur de Free Mobile, dont un analyste a récemment affirmé qu’aucun opérateur dans le monde n’a été rentable aussi vite.
À défaut de reprendre l’avantage sur le plan commercial, les trois opérateurs essaient de marquer des points sur le terrain politique. Ces derniers font pression pour que l'appel d’offres pour l’attribution des fréquences 700 MHz soit conçu de manière à défavoriser Free Mobile.
Le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, suit également le dossier de très près. Ce dernier qui craint une nouvelle vague de suppression d’emplois rêverait de mettre un terme au contrat d’itinérance qui lie Free Mobile à Orange. Cela forcerait Free Mobile à investir massivement et à suspendre provisoirement la guerre des prix.
Cependant, les moyens de pression sont minces pour le ministre (si ce n’est l’appel d’offres pour l’attribution des fréquences à 700 MHz) et Orange n'a pas l'air de se plaindre du contrat passé avec l'entreprise de Xavier Niel. Ce dernier aurait versé plus de 500 millions d'euros à Orange en 2012 et 730 millions en 2013. Selon Les Echos, ce contrat devrait rapporter à peu près autant cette année.