Apple Intelligence peut aider à beaucoup de choses, mais dans l'immédiat il ne devrait pas propulser les ventes d'iPhone compatibles vers de nouveaux sommets. C'est ce qui transpire d'analyses et de résultats financiers.
Canalys, il y a une dizaine de jours, notait la lutte serrée entre Apple et Samsung mis à égalité pour les livraisons en smartphones du troisième trimestre. Apple aurait même établi un record sur cette période de l'année grâce à des ventes d'iPhone 15 restées soutenues et le renfort des modèles précédents devenus plus abordables. La nouvelle gamme n'a pas eu le temps de donner toute sa mesure, la faute au calendrier. L'iPhone 16 devrait toutefois jouer son rôle habituel de coureur de fond et aider Apple à finir l'année en beauté, estime Canalys, grâce aussi avec la mise en route d'Apple Intelligence.
Ming-Chi Kuo est plus tempéré à ce sujet, car d'après ses informations, Apple aurait réduit les volumes de commandes sur les iPhone 16 pour les trimestres à venir. L'analyste parle de 10 millions d'unités en moins que prévu sur la période couvrant le dernier trimestre 2024 et le premier semestre 2025. L'essentiel de cette réduction porterait sur les iPhone 16 et 16 Plus, pas tant sur les Pro. Pour les trois trimestres à venir, les volumes seraient ainsi chaque fois inférieurs de quelques millions d'unités à ceux de la période équivalente en 2023.
L'iPhone SE 4 dont l'entrée en production serait prévue pour décembre, apporterait une contribution aux ventes — Kuo table sur 8,6 millions d'unités à fabriquer pour le premier trimestre 2025 — mais son prix sera plutôt de nature à tirer le chiffre d'affaires de la gamme iPhone vers le bas. Au final, Kuo s'attend à ce qu'Apple Intelligence joue un rôle de carotte pour les ventes d'iPhone — et qu'Apple facture un jour une partie de ces fonctions — mais sur le temps long, pas sur les prochains trimestres.
Les résultats, cette semaine, des deux plus grands opérateurs téléphoniques américains alimentent ce débat sur l'attrait des nouveautés matérielles et logicielles d'Apple. Chez Verizon, le nombre de clients qui ont remplacé leur ancien téléphone a baissé de 10 % en un an et les ventes ont régressé de 8 % (cela inclut aussi bien les iPhone que les autres marques). Le PDG de Verizon déclarait il y a un mois que les cycles de renouvellements étaient toujours plus étendus. Fin 1990, les clients pouvaient changer tous les 12 mois contre 40 mois aujourd'hui : « Les gens gardent leurs téléphones parce que leur qualité est plus élevée et qu'ils fonctionnent très bien ». Tout simplement.
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Chez AT&T également, le chiffre d'affaires lié à l'équipement en mobile a glissé de presque 6 % comparé à 2023. Cette période s'est achevée le 30 septembre, les précommandes des nouveaux iPhone avaient démarré le 13. Le PDG de l'opérateur, comme son homologue chez Verizon, s'interrogeait au même moment sur la force d'attraction de la gamme toute juste dévoilée par Apple. En se demandant si les nouveautés matérielles seraient suffisantes pour pousser les gens à changer leur téléphone et en considérant que des apps tierces peuvent remplir certaines des tâches promises par Apple Intelligence sans nécessiter un iPhone dernier cri.
C'est vrai pour l'aide à la rédaction de textes, pour des résumés, pour générer des images ou pour effacer des contenus dans les photos. Apple Intelligence a comme gros avantage d'être mieux intégré, mais il ne renverse pas la table face aux autres solutions, pas encore du moins.
Il est bien trop tôt pour mesurer l'attrait que peut avoir Apple Intelligence au-delà de la sphère des fans d'iPhone et sur sa capacité de traction sur les ventes. Il faut déjà qu'Apple le lance — ce sera fait officiellement la semaine prochaine pour une première partie des fonctions prévues — et que cette suite logicielle soit activée sur les plus grands marchés d'Apple. Ce qui ne sera pas le cas de l'Europe et encore moins de la Chine dans l'immédiat.