Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires jette l’éponge. Les réunions préparant la venue d’un indice de durabilité des smartphones avaient fait ressortir des conceptions diamétralement opposées du terme, les uns promouvant la robustesse des appareils intégrés quand les autres avançaient la longévité des appareils modulaires. C’est finalement la Commission européenne qui a eu raison des propositions françaises.
L’indice de durabilité aurait dû absorber l’indice de réparabilité, qui ne prend pas en compte la robustesse et la modularité des appareils, avant la fin de l’année. Alors qu’un fabricant comme Fairphone insistait sur la modularité et la réparabilité des appareils, avec le soutien du revendeur de pièces détachées iFixit et d’associations comme Halte à l’obsolescence programmée (HOP), Apple insistait sur la robustesse des appareils fortement intégrés.
Les téléphones robustes sont rarement réparables, les téléphones modulaires sont nécessairement moins solides, personne n’est dupe. Voilà peut-être pourquoi malgré ces oppositions, les débats s’étaient tenus dans une atmosphère détendue et constructive, comme nous l’avait confié Agnès Crépet, La porte-parole française et head of software longevity & IT de Fairphone pensait qu’un compromis pouvait être trouvé pour proposer un indice ménageant la chèvre et le chou.
Mais voilà, la Commission européenne prépare sa propre « étiquette énergétique » qui devra être apposée sur les smartphones à partir du milieu de l’année prochaine. Le 27 octobre dernier, elle avait rendu un avis circonstancié défavorable à l’initiative française, argüant que l’indice de durabilité aurait « créé des charges additionnelles pour les opérateurs économiques et ajouté de la confusion parmi les consommateurs ». La Commission européenne veut encourager la réparation des produits électroniques jusqu’à dix ans après leur achat et surtout imposer le remplacement des batteries à domicile.
Fairphone et HOP critiquent de longue date l’étiquette européenne, qui ne prend pas en compte le prix des pièces détachées, contrairement au projet français. En abandonnant son indice « afin de tenir compte des préoccupations de la Commission », le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires rappelle d’ailleurs que l’indice de durabilité aurait constitué « un outil différent et complémentaire du futur étiquetage énergétique ».
Le ministère veut « insister sur le caractère de co-construction du projet de mesure avec les parties prenantes », en rappelant qu’il s’agissait de « fournir des indications concrètes et visibles au consommateur pour lui permettre de conjuguer au quotidien préoccupations environnementales et économiques, la nécessité d’introduire de la transparence sur le marché en matière de durée de vie des produits et de lutte contre l’obsolescence ainsi que la volonté d’inciter les producteurs à éco-concevoir leurs produits ».
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Source : Via Contexte